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Paroisse de Leuze-en-Hainaut

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UNITE PASTORALE DE LEUZE-EN-HAINAUT
Unité pastorale refondée
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Une Parole … Une Prière

TEMPS ORDINAIRE 32ÈME SEMAINE DÉDICACE DE LA BASILIQUE DU LATRAN
…ILS CRURENT À L’ÉCRITURE ET À LA PAROLE QU’IL AVAIT DITE…

« Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem. Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. » Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : L’amour de ta maison fera mon tourment.      Des Juifs l’interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? »
Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. »
Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! »  
Mais lui parlait du sanctuaire de son corps. Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite »
Évangile de Jésus Christ selon Saint Jean 2, 13-22a
Illustration : Jacob Jordaens (1593-1678), Jésus chassant les marchands du Temple,
huile sur toile, 1645-1650, 288cmx436cm, Musée du Louvre, Paris

Méditation du Pape Léon XIV

JUBILÉ DU MONDE ÉDUCATIF
MESSE
ET PROCLAMATION À « DOCTEUR DE L'ÉGLISE » DE SAINT JOHN
HENRY NEWMAN
HOMÉLIE DU PAPE LÉON XIV
Place Saint-Pierre
Solennité de la Toussaint, 1er novembre 2025

En cette solennité de la Toussaint, c'est une grande joie d'inscrire saint John Henry Newman parmi les docteurs de l'Église et, en même temps, à l'occasion du Jubilé du monde éducatif, de le nommer co-patron, avec saint Thomas d'Aquin, de tous ceux qui participent au processus éducatif. L'imposante stature culturelle et spirituelle de Newman servira d'inspiration aux nouvelles générations au cœur assoiffé d'infini, disposées à réaliser, par la recherche et la connaissance, ce voyage qui, comme le disaient les anciens, nous fait passer per aspera ad astra, c'est-à-dire à travers les difficultés jusqu'aux étoiles.
La vie des saints nous témoigne, en effet, qu'il est possible de vivre avec passion au milieu de la complexité du présent, sans laisser de côté le mandat apostolique : « Brillez comme des étoiles dans le monde » (Phil 2, 15). En cette occasion solennelle, je souhaite répéter aux éducateurs et aux institutions éducatives : « Brillez aujourd'hui comme des étoiles dans le monde », grâce à l'authenticité de votre engagement dans la recherche commune de la vérité, dans son partage cohérent et généreux à travers le service aux jeunes, en particulier aux pauvres, et dans l'expérience quotidienne que « l'amour chrétien est prophétique ; il accomplit des miracles » (cf. Exhort. apost. Dilexi te, 120).
Le Jubilé est un pèlerinage dans l'espérance et vous tous, dans le vaste domaine de l'éducation, vous savez bien à quel point l'espérance est une semence indispensable ! Quand je pense aux écoles et aux universités, je les considère comme des laboratoires de prophétie, où l'espérance est vécue, continuellement racontée et reproposée. C'est aussi le sens de l'Évangile des Béatitudes proclamé aujourd'hui. Les Béatitudes apportent une nouvelle interprétation de la réalité. Elles sont le chemin et le message de Jésus éducateur. À première vue, il semble impossible de déclarer bienheureux les pauvres, ceux qui ont faim et soif de justice, les persécutés ou les artisans de paix. Mais ce qui semble inconcevable dans la grammaire du monde prend tout son sens et toute sa lumière dans la proximité du Royaume de Dieu. Chez les saints, nous voyons ce royaume s'approcher et se réaliser parmi nous. Saint Matthieu présente à juste titre les Béatitudes comme un enseignement, représentant Jésus comme un Maître qui transmet une nouvelle vision des choses et dont la perspective coïncide avec son cheminement. Les Béatitudes, toutefois, ne sont pas un enseignement parmi d'autres : elles sont l'enseignement par excellence. De la même manière, le Seigneur Jésus n'est pas un maître parmi tant d'autres, il est le Maître par excellence. Plus encore, il est l'Éducateur par excellence. Nous, ses disciples, nous sommes à son école, en apprenant à découvrir dans sa vie, c'est-à-dire dans le chemin qu'il a parcouru, un horizon de sens capable d'illuminer toutes les formes de connaissance. Puissent nos écoles et nos universités être toujours des lieux d'écoute et de pratique de l'Évangile !
Les défis actuels parfois semblent dépasser nos capacités, mais ce n'est pas le cas. Ne permettons pas au pessimisme de nous vaincre ! Je me souviens de ce que mon bien-aimé prédécesseur, le pape François, a souligné dans son discours à la Première Assemblée plénière du Dicastère pour la Culture et l'Éducation : c'est à dire que nous devons travailler ensemble pour libérer l'humanité de l'obscurité du nihilisme qui l'entoure, lequel est sans doute le mal le plus dangereux de la culture contemporaine, car il menace « de faire disparaître » l'espérance [1]. La référence à l'obscurité qui nous entoure nous renvoie à l’un des textes les plus connus de Saint John Henry, l'hymne Lead, kindly light (« Guide-moi, douce lumière »). Dans cette très belle prière, nous nous rendons compte que nous sommes loin de la maison, que nos pas sont chancelants, que nous ne parvenons pas à distinguer clairement l'horizon. Mais rien de tout cela ne nous arrête parce que nous avons trouvé le Guide : « Guide-moi, douce Lumière, dans les ténèbres qui m’enveloppent, Guides moi encore ! – Lead, kindly Light. The night is dark and I am far from home. Lead Thou me on! ».
C'est le rôle de l'éducation d'offrir cette Douce Lumière à ceux qui, sans cela, pourraient rester prisonniers des ombres particulièrement insidieuses du pessimisme et de la peur. C'est pourquoi je voudrais vous dire : désarmons les fausses raisons de la résignation et de l'impuissance, et faisons circuler dans le monde contemporain les grandes raisons de l'espérance. Contemplons et indiquons les constellations qui transmettent lumière et repères dans ce présent obscurci par tant d'injustices et d'incertitudes. C'est pourquoi je vous encourage à faire des écoles, des universités et de toutes les réalités éducatives, y compris informelles et de terrain, autant de seuils d'une civilisation de dialogue et de paix. À travers vos vies, laissez transparaître cette « multitude immense », dont nous parle aujourd'hui dans la liturgie le Livre de l'Apocalypse, une multitude « que personne ne pouvait compter, de toutes nations, tribus, peuples et langues », et qui « se tenait debout devant l'Agneau » (7,9).
Dans le texte biblique, un ancien, observant la multitude, demande : « Ceux-ci, […] qui sont-ils et d'où viennent-ils ? » (Ap 7,13). À ce propos, dans le domaine éducatif, le regard chrétien se pose également sur « ceux qui viennent de la grande tribulation » (v. 14) et y reconnaît les visages de tant de frères et sœurs de toutes langues et de toutes cultures qui, par la porte étroite de Jésus, sont entrés dans la vie en plénitude. Alors, une fois encore, nous devons nous demander : « les moins pourvus ne sont-ils pas des personnes humaines ? Les faibles n’ont-ils pas la même dignité que nous ? Ceux qui sont nés avec moins de possibilités ont-ils moins de valeur en tant qu’êtres humains, doivent-ils se contenter de survivre ? La réponse que nous apportons à ces questions détermine la valeur de nos sociétés et donc notre avenir. » (Exhort. apost. Dilexi te, 95). Et ajoutons que la qualité évangélique de notre éducation dépend également de cette réponse. Parmi les héritages durables de saint John Henry, on trouve, à ce propos, quelques contributions très significatives à la théorie et à la pratique de l'éducation. « Dieu, écrivait-il, m'a créé pour lui rendre un service précis. Il m'a confié une tâche qu'il n'a confiée à personne d'autre. J'ai une mission : peut-être ne la connaîtrai-je pas dans cette vie, mais elle me sera révélée dans la prochaine » (Meditations and Devotions, III, I, 2). Ces mots expriment magnifiquement le mystère de la dignité de chaque personne humaine et celui de la diversité des dons distribués par Dieu.
La vie ne s'illumine pas parce que nous sommes riches, beaux ou puissants. Elle s'illumine lorsque nous découvrons en nous cette vérité : je suis appelé par Dieu, j'ai une vocation, j'ai une mission, ma vie sert à quelque chose de plus grand que moi ! Chaque créature a un rôle à jouer. La contribution que chacun a à offrir est unique, et la tâche des communautés éducatives est d'encourager et de valoriser cette contribution. N'oublions pas : au centre des parcours éducatifs, il ne doit pas y avoir des individus abstraits, mais des personnes en chair et en os, en particulier celles qui semblent ne pas être en mesure de rendre, selon les paramètres d'une économie qui exclut et tue. Nous sommes appelés à former des personnes, afin qu'elles brillent comme des étoiles dans leur pleine dignité.
Nous pouvons donc dire que l'éducation, dans la perspective chrétienne, aide chacun à devenir saint. Rien de moins. Lors de son voyage apostolique en Grande-Bretagne en septembre 2010, au cours duquel il a béatifié John Henry Newman, le  Pape Benoît XVI a invité les jeunes à devenir saints en ces termes : « Ce que Dieu désire plus que tout pour chacun d'entre vous, c'est que vous deveniez saints. Il vous aime bien plus que vous ne pouvez l'imaginer et il veut le meilleur pour vous [2] ». C'est l'appel universel à la sainteté que le Concile Vatican II a inscrit comme élément essentiel de son message (cf. Lumen gentium, chap. V). Et la sainteté est proposée à tous, sans exception, comme un cheminement personnel et communautaire tracé par les Béatitudes.
Je prie pour que l'éducation catholique aide chacun à découvrir sa vocation à la sainteté. Saint Augustin, que saint John Henry Newman appréciait tant, a dit un jour que nous sommes des compagnons d'étude qui n'avons qu'un seul Maître, dont l'école est sur terre et la chaire au ciel (cf. Sermon 292,1).
_________________________________________
 
[1]               François,  Discours aux participants à la première Assemblée plénière du Dicastère pour la Culture et l'Éducation (21 novembre 2024).
[2]               Benoît XVI,  Discours aux élèves, Twickenham – Royaume-Uni, 17 septembre 2010.

Pape Léon XIV
( :Le Saint-Siège)
Copyright © Dicastère pour la Communication - Libreria Editrice Vaticana


1. Préambule  
 
1.1. Dessiner de nouvelles cartes d’espérance. Le 28 octobre 2025 marque le 60e anniversaire de la Déclaration conciliaire Gravissimum Educationis sur l’extrème importance et l’actualité de l’éducation dans la vie de la personne humaine. Par ce texte, le Concile Vatican II a rappelé à l’Église que l’éducation n’est pas une activité accessoire, mais qu’elle constitue le tissu même de l’évangélisation : c’est la manière concrète par laquelle l’Évangile devient un geste éducatif, une relation et une culture. Aujourd’hui, face à des changements rapides et à des incertitudes déstabilisantes, cet héritage fait preuve d’une résilience surprenante. Là où les communautés éducatives se laissent guider par la parole du Christ, elles ne reculent pas, mais se relancent ; elles n’érigent pas de murs, mais construisent des ponts. Elles réagissent avec créativité, ouvrant de nouvelles possibilités de transmission de savoir et de sens dans les écoles, les universités, la formation professionnelle et civile, la pastorale scolaire et celle des jeunes, et la recherche, car l’Évangile ne vieillit pas, mais fait « toutes choses nouvelles » (Ap 21,5). Chaque génération l’entend comme un message nouveau et régénérateur. Chaque génération est responsable de l’Évangile et de la découverte de sa puissance fondatrice et multiplicatrice.  
 
1.2. Nous vivons dans un environnement éducatif complexe, fragmenté et numérisé. C’est précisément pour cette raison qu’il est judicieux de s’arrêter et de recentrer notre regard sur la « cosmologie de la paideia chrétienne » : une vision qui, au fil des siècles, a su se renouveler et inspirer positivement toutes les facettes multiples de l’éducation. Dès les origines, l’Évangile a engendré des « constellations éducatives » : des expériences à la fois humbles et fortes, capables d’interpréter les temps, de préserver l’unité entre foi et raison, entre pensée et vie, entre connaissance et justice. Dans les tempêtes, elles ont été une ancre de salut ; et dans le calme, une voile déployée. Un phare dans la nuit pour guider la navigation.  
 
1.3. La Déclaration Gravissimum Educationis n’a rien perdu de sa force. De sa réception est né un ensemble d’œuvres et de charismes qui indique encore aujourd’hui le chemin : écoles et universités, mouvements et instituts, associations de laïcs, congrégations religieuses et réseaux nationaux et internationaux. Ensemble, ces organismes vivants ont consolidé un héritage spirituel et pédagogique capable de traverser le XXIe siècle et de répondre aux défis les plus urgents. Cet héritage n’est pas figé : c’est une boussole qui continue d’indiquer la direction et de témoigner de la beauté du chemin. Les attentes d’aujourd’hui ne sont pas moindres que celles auxquelles l’Église était confrontée il y a soixante ans. Elles se sont même élargies et complexifiées. Face aux millions d’enfants dans le monde qui n’ont toujours pas accès à l’école primaire, comment ne pas agir ? Face aux situations dramatiques d’urgence éducative causées par les guerres, les migrations, les inégalités et les diverses formes de pauvreté, comment ne pas ressentir l’urgence de renouveler notre engagement ? L’éducation – comme je l’ai rappelé dans mon exhortation apostolique Dilexi te – « est l’une des plus hautes expressions de la charité chrétienne » [1] . Le monde a besoin de cette forme d’espérance.  
 
2. Une histoire dynamique  
 
2.1. L’histoire de l’éducation catholique est l’histoire de l’Esprit à l’œuvre. L’Église est « mère et maîtresse » [2] non par suprématie, mais par service : elle engendre à la foi et accompagne la croissance dans la liberté, assumant la mission du divin Maître afin que tous « aient la vie et l’aient en abondance » (Jn 10, 10). Les styles éducatifs qui se sont succédé témoignent d’une vision de l’homme à l’image de Dieu, appelé à la vérité et au bien, et d’un pluralisme de méthodes au service de cette vocation. Les charismes éducatifs ne sont pas des formules figées : ils sont des réponses originales aux besoins de chaque époque.  
 
2.2. Aux premiers siècles, les Pères du désert enseignaient la sagesse par des paraboles et des apophtegmes ; ils redécouvraient la voie de l’essentiel, de la discipline de la langue et de la garde du cœur ; ils transmettaient une pédagogie du regard qui reconnaît Dieu partout. Saint Augustin, greffant la sagesse biblique sur la tradition grécoromaine, a compris que le maître authentique suscite le désir de vérité, éduque à la liberté de lire les signes et d’écouter la voix intérieure. Le monachisme a perpétué cette tradition dans les lieux les plus inaccessibles, où, pendant des décennies, les œuvres classiques ont été étudiées, commentées et enseignées, à tel point que, sans ce travail silencieux au service de la culture, tant de chefs-d’œuvre ne seraient pas parvenus jusqu’à nous. « Du cœur de l’Église », naquirent alors les premières universités, qui se révélèrent dès leurs origines « un centre incomparable de créativité et de rayonnement du savoir pour le bien de l’humanité » [3] . Dans leurs salles de classe, la pensée spéculative a trouvé, grâce à la médiation des Ordres Mendiants, la possibilité de se structurer solidement et de repousser les limites de la science. De nombreuses congrégations religieuses ont fait leurs premiers pas dans ces domaines du savoir, enrichissant l’éducation d’une manière pédagogique innovante et socialement visionnaire.  
 
2.3. Elle s’est exprimée de multiples façons. Dans la Ratio Studiorum, la richesse de la tradition scolastique fusionne avec la spiritualité ignatienne, adaptant un programme d’études aussi complexe qu’interdisciplinaire et ouvert à l’expérimentation. À Rome, au XVIIe siècle, saint Joseph de Calasanz a ouvert des écoles gratuites pour les pauvres, conscient que savoir lire et compter est une dignité avant même la compétence. En France, saint Jean-Baptiste de La Salle , « conscient de l’injustice causée par l’exclusion des enfants d’ouvriers et de paysans du système éducatif » [4], fonda les Frères des Écoles chrétiennes. Au début du XIXe siècle, toujours en France, saint Marcellin Champagnat se consacra « de tout son cœur, à une époque où l’accès à l’éducation restait le privilège de quelques-uns, à la mission d’éduquer et d’évangéliser les enfants et les jeunes » [5] . De même, saint Jean Bosco , avec sa « méthode préventive », a transformé la discipline en raison et en proximité. Des femmes courageuses, comme Vicenza Maria López y Vicuña , Francesca Cabrini , Giuseppina Bakhita , Maria Montessori, Katharine Drexel ou Elizabeth Ann Seton, ont ouvert des perspectives aux filles, aux migrantes, aux plus démunies. Je réitère ce que j’ai clairement affirmé dans Dilexi te : « L’éducation des pauvres, pour la foi chrétienne, n’est pas une faveur, mais un devoir » [6] . Cette généalogie du concret témoigne que, dans l’Église, la pédagogie n’est jamais une théorie désincarnée, mais chair, passion et histoire.  
 
3. Une tradition vivante  
 
3.1. L’éducation chrétienne est un travail commun : personne n’éduque seul. La communauté éducative est un « nous » où l’enseignant, l’élève, la famille, le personnel administratif et de service, les pasteurs et la société civile convergent pour engendrer la vie [7] . Ce « nous » empêche l’eau de stagner dans le marécage du « on a toujours fait ainsi » et force cette eau à couler, à nourrir, à irriguer. Le fondement reste le même : la personne, image de Dieu ( Gn  1, 26), capable de vérité et de relation. La question du rapport entre foi et raison n’est donc pas un chapitre facultatif : « la vérité religieuse n’est pas seulement une partie, mais une condition de la connaissance générale » [8] . Ces paroles de saint John Henry Newman – que, dans le contexte de ce Jubilé du Monde Educatif, j’ai la grande joie de déclarer co-patron de la mission éducative de l’Église avec saint Thomas d’Aquin – sont une invitation à renouveler notre engagement en faveur d’une connaissance aussi responsable et rigoureuse du point de vue intellectuel, que profondément humaine. Nous devons également veiller à ne pas tomber dans l’illusion d’une fides qui correspond exclusivement avec la ratio. Nous devons dépasser les obstacles en retrouvant une vision empathique, ouverte à une compréhension toujours plus profonde de la façon dont l’homme se perçoit lui-même aujourd’hui, afin de développer et d’approfondir notre enseignement. Par conséquent, le désir et le cœur ne doivent pas être séparés de la connaissance : cela reviendrait à briser la personne. Les universités et les écoles catholiques sont des lieux où les questions ne sont pas tues, et où le doute n’est pas banni, mais accompagné. Le cœur, là, dialogue avec le cœur, et la méthode est celle de l’écoute, qui reconnaît l’autre comme un bien, et non comme une menace. « Cor ad cor loquitur » était la devise cardinalice de saint John Henry Newman, tirée d’une lettre de saint François de Sales : « C’est la sincérité du cœur, et non l’abondance des paroles, qui touche le cœur des hommes. »  
 
3.2. Éduquer est un acte d’espérance et une passion qui se renouvelle car elle manifeste la promesse que nous entrevoyons dans l’avenir de l’humanité [9] . La spécificité, la profondeur et l’ampleur de l’action éducative résident dans ce travail – aussi mystérieux que réel – de « faire fleurir l’être […] c’est prendre soin de l’âme », comme nous le lisons dans l’Apologie de Socrate de Platon (30a-b). C’est un « métier de promesses » : temps, confiance, compétence sont promis ; justice et miséricorde sont promises, le courage de la vérité et le baume de la consolation sont promis. Éduquer est un devoir d’amour qui se transmet de génération en génération, réparant le tissu déchiré des relations et redonnant aux mots le poids de la promesse : « Tout homme est capable de vérité, mais le chemin est très supportable lorsqu’on avance avec l’aide des autres » [10] . La vérité se cherche en communauté.
 
4. La boussole de Gravissimum educationis  
 
4.1. La déclaration conciliaire Gravissimum educationis réaffirme le droit de chacun à l’éducation et identifie la famille comme la première école d’humanité. La communauté ecclésiale est appelée à soutenir des environnements qui intègrent foi et culture, respectent la dignité de chacun et dialoguent avec la société. Le document met en garde contre toute réduction de l’éducation à une formation fonctionnelle ou à un outil économique : une personne n’est pas un « profil de compétences », ni réduite à un algorithme prévisible, mais un visage, une histoire, une vocation.  
 
4.2. La formation chrétienne embrasse la personne dans sa globalité : spirituelle, intellectuelle, affective, sociale, corporelle. Elle n’oppose pas le manuel et le théorique, la science et l’humanisme, la technique et la conscience ; elle exige au contraire que le professionnalisme soit habité par une éthique, et que l’éthique ne soit pas un mot abstrait mais une pratique quotidienne. L’éducation ne mesure pas sa valeur uniquement à l’aune de l’efficacité : elle la mesure à l’aune de la dignité, de la justice, de la capacité de servir le bien commun. Cette vision anthropologique intégrale doit demeurer la pierre angulaire de la pédagogie catholique. Elle s’inscrit dans le sillage de la pensée de saint John Henry Newman et s’oppose à une approche purement mercantile qui, aujourd’hui, impose souvent de mesurer l’éducation en termes de fonctionnalité et d’utilité pratique [11] .  
 
4.3. Ces principes ne sont pas des souvenirs du passé. Ce sont des étoiles fixes. Ils affirment que la vérité se cherche ensemble ; que la liberté n’est pas un caprice, mais une réponse ; que l’autorité n’est pas une domination, mais un service. Dans le contexte éducatif, il ne faut pas « hisser le drapeau de la possession de la vérité, ni dans l’analyse des problèmes, ni dans leur résolution » [12] . Au contraire, « il est plus important de savoir comment les aborder, plutôt que de donner une réponse hâtive sur le pourquoi d’un événement ou sur la manière de le surmonter. L’objectif est d’apprendre à affronter les problèmes, toujours différents, car chaque génération est nouvelle, avec de nouveaux défis, de nouveaux rêves, de nouvelles questions » [13] . L’éducation catholique a la tâche de reconstruire la confiance dans un monde marqué par les conflits et les peurs, en nous rappelant que nous sommes des enfants et non des orphelins : de cette conscience naît la fraternité.  
 
(A suivre)
 
Pape Léon XIV
 
(Traduction réalisée par Zénit)
 
 
[1]     LÉON XIV, Exhortation apostolique Dilexi te (4 octobre 2025), n. 68.  
 
[2]     Cf. JEAN XXIII, Lettre encyclique Mater et Magistra (15 mai 1961).  
 
[3]     JEAN-PAUL II, Constitution apostolique Ex corde Ecclesiae (15 août 1990), n. 1.  
 
[4]     LÉON XIV, Exhortation apostolique Dilexi te (4 octobre 2025), n. 69.  
 
[5]     LÉON XIV, Exhortation apostolique Dilexi te (4 octobre 2025), n. 70.  
 
[6]     LÉON XIV, Exhortation apostolique Dilexi te (4 octobre 2025), n. 72.  
 
[7]     CONGRÉGATION POUR L’ÉDUCATION CATHOLIQUE, Instruction « L’identité de l’école catholique pour une culture du dialogue » (25 janvier 2022), n. 32.  
 
[8]     JOHN HENRY NEWMAN, L’idée d’université (2005), p. 76.  
 
[9]     Cf. CONGRÉGATION POUR L’ÉDUCATION CATHOLIQUE, Instrumentum laboris Éduquer aujourd’hui et demain. Une passion qui se renouvelle. (7 avril 2014), Introduction.  
 
[10]  S. Exc. Mgr. ROBERT F. PREVOST, OSA, Homélie à l’Université Catholique de Santo Toribio de Mogrovejo (2018).
 
[11]  Voir JOHN HENRY NEWMAN, Écrits sur l’université (2001).
 
[12]  LÉON XIV, Audience avec les membres de la Fondation Centesimus Annus Pro Pontifice (17 mai 2025).  

 
[13]  Ibid .
Parole Mgr Guy Harpigny…

C’est avec une grande joie que nous accueillons Mgr Frédéric Rossignol, prêtre de la Congrégation du Saint-Esprit, comme évêque de Tournai. Il est membre d’un institut de vie consacrée engagé dans la mission universelle de l’Église. Mgr Rossignol a exercé le ministère au Vietnam. La Congrégation du Saint-Esprit a été choisie pour animer le Collège missionnaire pontifical international Saint Paul Apôtre à Rome, où près de deux cents prêtres sont formés à la mission universelle de l’Église. Mgr Rossignol en est le directeur spirituel.
Le diocèse accueille un évêque missionnaire soucieux de la vie spirituelle. Il aura un regard « neuf » sur le témoignage de l’Évangile aussi bien dans la province de Hainaut qu’en Belgique tout entière. Comme tout évêque de Tournai, il s’inscrit dans une longue tradition. Tous, nous allons l’informer sur cette tradition. Comme tout évêque, il sera signe et acteur de la communion avec l’Église universelle. Nous serons attentifs à ce qu’il nous proposera dans ce sens.
Nous rendons grâce au Seigneur pour le don qu’il nous fait.
Une des premières paroles de Mgr Rossignol, lorsque je l’ai eu au téléphone, a été : « Priez pour moi ». Même parole que celle du pape François quand il s’est montré au balcon de la basilique Saint-Pierre après son élection. Je suis certain que, tous, nous allons prier pour notre nouvel évêque et que nous prierons souvent avec lui pour le diocèse de Tournai, pour le monde entier.
L’ordination épiscopale aura lieu à la Cathédrale de Tournai le dimanche 14 décembre 2025 à 15h.
Rendons grâce au Seigneur, car il est bon. Éternel est son amour. La Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres !
+ Guy Harpigny,
Administrateur apostolique de Tournai




Parole de Mgr Frédéric Rossignol
         
L’Évangile du second dimanche de l’Avent nous offre une autre parole surprenante : il y a un envoyé avant l’Envoyé. Il y a un prophète avant que le Seigneur n’arrive. Certes, c’est un prophète très humble, indigne de dénouer la courroie des sandales de son Seigneur et appelé à diminuer plutôt qu’à prendre toute la place, mais Il est choisi comme éclaireur.
Dans nos vies souvent aussi nous nous disons, par souci de confort ou par crainte, que d’autres devraient prendre les initiatives et que nous-mêmes nous pourrions simplement suivre le mouvement ou rester un peu en retrait. J’en sais quelque chose, moi qui jamais n’aurais imaginé que le Seigneur me dise : « Allez, c’est à toi de te lever pour devenir le pasteur du diocèse de Tournai. » « Moi ? Non, non ! D’autres sont bien plus qualifiés, zélés, expérimentés… » Le Seigneur nous mobilise tous personnellement, Il nous pousse à une plus grande générosité, à être inventifs, créatifs, enthousiastes… C’est sur nous qu’il compte !
Étonnant, n’est-ce pas ?
(A suivre)


Votre frère et pasteur,
+ Frédéric Rossignol
 
(Source : Eglise de Tournai 2025/11, p. 5-6)

Un mot du Curé…

   

ST MARTIN, STE BARBE, STE CÉCILE ET LES AUTRES…



À peine la fête de Tous les Saints achevée que déjà quelques-uns se pressent à notre calendrier !  Le 03 novembre, St Hubert, les cavaliers et les amoureux des chiens et autre animaux bien sûr… Le 11, St Martin, patron de Tourpes… Le 15, St Albert et la « Fête du Roi »… Le 22, Ste Cécile, patronne de tous nos choristes et organistes, de nos fanfares aussi, célébrée par la fanfare de Thieulain ce 9 novembre, par la fanfare de Tourpes en janvier et par la chorale « Baladins du Chœur » le 23 novembre… Le 30, St André, patron célébré à Willaupuis le 29 novembre… Le 01 décembre, St Eloi, patron des agriculteurs, travailleurs du métal et du cuir, des vétérinaires… Le 04, Ste Barbe avec nos valeureux Pompiers le 07 décembre… Le 06, St Nicolas, saint patron des enfants, célébré par les Guides de Leuze le 6 décembre... Mais je pense aussi à St Lambert que nous avons fêté le 13 septembre à Blicquy… à St-Michel qui a été célébré le 27 septembre à Grandmetz… St Denis à Thieulain le 06 octobre… et puis Notre Dame présente en chacune de nos églises, et particulièrement à Chapelle-à-Oie, Chapelle-à-Wattines et Pipaix que nous veillons à célébrer en ces lieux comme il se doit… ou sous son nom de Notre Dame des Sept Douleurs célébrée à Vieux-Leuze le 13 septembre, sans oublier St Pierre qui sera célébré avec St Paul en la Collégiale de Leuze le 28 juin ou St Badilon, premier abbé de Leuze que nous avons célébré le 05 octobre…
Toutes ces belles figures de sainteté dont une image orne nos églises… Il fut un temps où il n’était pas bien vu de brûler un cierge devant la statue de Ste Rita ou de St Martin ; en certaines églises, on avait même fait le ménage et rangé statues et autres reliquaires dans un grenier de sacristie ! On avait peur que le fidèle ne soit détourné de ce qui doit être le cœur de sa foi : le Christ Jésus… Et c’est vrai qu’il y avait bien un risque : la figure du Saint ou de la Sainte nous semble parfois plus proche de nous, de notre humanité, de notre petitesse, de notre fragilité… plus accessible donc… Tout est question d’équilibre : liturgie et piété populaire sont complémentaires. La piété populaire, la bougie allumée devant tel Saint, le chapelet récité devant l’image de Notre-Dame, la rose déposée aux pieds de Ste Rita, le cierge de la Chandeleur… sont simplement la prière du « petit » (et nous sommes tous un jour ou l’autre un « petit », perdu, désemparé sur le chemin de la vie) qui demande à Notre-Dame, à Ste
Rita, à St Eloi… de l’aider dans sa prière, de lui indiquer une petite lumière quand la vie se fait trop sombre, une petite lumière d’espérance qui ne pourra que conduire au Seigneur Jésus… La piété populaire est donc un précieux trésor car elle est, selon le pape François, « une spiritualité, une mystique, un espace de rencontre avec Jésus Christ » Alors soyons nombreux à venir célébrer les Saints Patrons de nos clochers… Comme nous le disions lors de la Toussaint, ces belles figures nous conduisent un peu plus vers le Christ Jésus… au rythme de chacun… selon la vie de chacun… ses joies, ses peines, ses espérances… Belles fêtes déjà !  
Bon dimanche !
Chanoine Patrick Willocq  


Intentions de prière pour la semaine


+ Pour l’Église, et tous les baptisés : qu’ils rendent compte de l’espérance qui les fait vivre : la Résurrection de leur Sauveur. Père, nous te prions.
+ Pour tous ceux qui accompagnent les familles en deuil : qu’ils soient les témoins de la foi en la Résurrection. Père, nous te prions.
+ Pour ceux qui nous ont précédés : nos défunts, les victimes des guerres dont nous faisons mémoire ce 11 novembre : qu’ils soient accueillis dans ton Royaume de lumière. Père, nous te prions.
+ Pour les membres de notre communauté : que leur foi rende témoignage d’une vie éternelle déjà commencée. Père, nous te prions.

CONTACTS

M. le Chanoine Patrick Willocq, curé
Responsable de l’Unité pastorale
Curé de tous les clochers de l’entité de Leuze
Tour Saint-Pierre 15
7900 Leuze-en-Hainaut
069/77.79.03
0479/62.66.20

M. le Diacre Jean-Marie Bourgeois
Pastorale du Baptême des petits enfants – Pastorale scolaire
Grand-Rue 56
7900 Leuze-en-Hainaut
0470/100 340

M. le Diacre Michel Hublet
Mise à jour du site internet
Avenue de la Croix-Rouge 44
7900 Leuze-en-Hainaut

Règlement Général sur la Protection des Données – RGPD – 25 05 2018


Responsable du traitement des données personnelles : Abbé Patrick Willocq,
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Permanences : mardi et vendredi de 9h30 à 12h00
En cas d’absence, s’adresser à M. le Doyen

Nous porterons dans notre prière ...


Baptêmes

- Le samedi 08 novembre, à 14h30, en l’église de Leuze, Elyne Berte, enfant de Priscilla Lauwaert et Frédéric Berte ; Lou Debaisieux, enfant de Annah Degros et Steven Debaisieux.

- Le samedi 22 novembre, à 14h30, en l’église de Leuze, Charly Delcourt-Chavalle, enfant de Delphine Chavalle et Gilles Delcourt.

- Le samedi 29 novembre, à 14h30, en l’église de Willaupuis, Maëlle Delpierre, enfant de Fanny Detemmerman et Romain Delpierre

Que ces enfants découvrent combien notre Dieu les aime comme ses propres enfants.
 
Mariages

- Le samedi 15 novembre, à 14h00, en l’église de Pipaix : Virginie Joppart et Maxime Degouys
 
Que tous nos vœux de bonheur et notre prière accompagnent les nouveaux époux !

Funérailles

M. Jean Dehon demeurait à Thieulain. La célébration des Funérailles a eu lieu en l’église de Thieulain le mercredi 05 novembre 2025 à 11h00.

Aux proches, nous redisons toute notre sympathie dans la foi et l’espérance de l’Évangile.

Dans notre Unité pastorale…






Pour les familles… les jeunes les enfants









Dans notre Diocèse de Tournai…

PRIÈRE POUR NOTRE NOUVEL ÉVÊQUE

 
Mgr Frédéric Rossignol sera ordonné le 14 décembre 2025 à 15h à Notre-Dame de Tournai. Accompagnons-le par la prière vers son installation et dans la mission qui lui a été confiée.
 
Cette prière nous a été proposée par un ami de Mgr Rossignol, le Frère John Paul Esplana (Philippines).















Dans l’Église de Belgique…





À la fin du mois d'octobre 2025, Mgr Jean-Pierre Delville était présent à Rome pour la Rencontre internationale de prière pour la paix "Oser la paix". Le 27 octobre, il a réalisé une intervention dans le cadre du forum sur Les perspectives du dialogue islamo-chrétien, 60 ans après la déclaration Nostra Aetate du Concile Vatican II. Retrouvez ci-dessous le texte de sa conférence.
Le dialogue entre catholiques et musulmans
Il y a 60 ans, le Concile Vatican II publiait la déclaration Nostra aetate, consacrée au dialogue entre l’Église catholique et les autres religions. Elle exprimait une estime particulière pour l'islam, soulignant les points communs comme l'adoration du Dieu unique et le recours à la prière, à l'aumône et au jeûne. Le texte encourage le dialogue interreligieux et la connaissance mutuelle entre catholiques et musulmans. Il a donc ouvert la porte à des progrès dans ce dialogue.
Désormais, le dialogue entre catholiques et musulmans est basé sur un texte fondamental, le Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune, qui a été signé par le pape François, chef de l’Église catholique, et l’imam Ahmad Al-Tayyeb, recteur de l’Université al-Ahzar du Caire, à Abou Dhabi, le 4 février 2019. Il est toujours d’actualité.
Dans sa lettre encyclique sur la fraternité, Fratelli tutti, le pape François décrit la genèse de ce document : « Je me suis particulièrement senti encouragé par le Grand Iman Ahmad Al-Tayyeb que j’ai rencontré à Abou Dhabi pour rappeler que Dieu ‘a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité, et les a appelés à coexister comme des frères entre eux’. Ce n’était pas un simple acte diplomatique, mais une réflexion faite dans le dialogue et fondée sur un engagement commun[1] ».
Cette rencontre a eu lieu le 23 mai 2016. À cette visite répond le 28 avril 2017 la visite du pape à l’Université al-Azhar. Le 4 février 2019, Ahmed el-Tayeb rencontre de nouveau le pape François à Abou Dhabi et signe avec lui le Document sur la fraternité humaine. C’était la première fois qu’un pape dans un État de la péninsule arabique. Pour la diplomatie émiratie, qui était à l'initiative de l'invitation, c'était une manière de se manifester par sa tolérance.
Ce texte a par la suite inspiré la résolution des Nations Unies, qui a désigné le 4 février comme Journée internationale de la fraternité humaine. C’est la première fois dans l’histoire qu’un pape catholique, le principal leader chrétien dans le monde, signait une déclaration commune avec un des principaux leaders de l’islam.
Je voudrais parcourir avec vous les lignes principales de ce document, qui reste d’actualité et doit être beaucoup travaillé pour être appliqué aujourd’hui. Dans la Préface[2], les auteurs annoncent leur thèse : il s’agit de travailler à la fraternité universelle. Ils précisent ensuite ceci : « Au nom de Dieu qui a créé tous les êtres humains égaux en droits […], et au nom des pauvres, des personnes dans la misère, dans le besoin et des exclus que Dieu a commandé de secourir comme un devoir demandé à tous les hommes […] l’Université Al-Azhar al-Sharif e l’Eglise catholique déclarent adopter la culture du dialogue comme chemin[3] ». Le pape François et l’imam Al-Tayyeb ajoutent : « nous demandons à nous-mêmes et aux Leaders du monde, aux artisans de la politique internationale et de l’économie mondiale, de s’engager sérieusement pour répandre la culture de la tolérance, de la coexistence et de la paix; d’intervenir, dès que possible, pour arrêter l’effusion de sang innocent, et de mettre fin aux guerres, aux conflits, à la dégradation environnementale et au déclin culturel et moral que le monde vit actuellement ». Le document est donc destiné spécialement à tous les responsables politiques de notre terre.
Il souligne que la dégradation de la situation de l’humanité est due à deux causes, liées entre elles : l’éloignement des valeurs religieuses[4] et la détérioration de l’éthique, ce qui conduit soit à l’athéisme, soit à l’intégrisme religieux. Le document constate la présence de guerres locales nombreuses. Cela ressemble à une troisième Guerre mondiale par morceaux. Cela amène « d’énormes quantité de malades, de personnes dans le besoin et de morts, causant des crises létales dont sont victimes divers pays ». Pour contrer cela, il faut réveiller le sens religieux et croire en Dieu qui donne la vie. Donc, dit le document : « nous condamnons toutes les pratiques qui menacent la vie comme les génocides, les actes terroristes, les déplacements forcés, le trafic d’organes humains, l’avortement et l’euthanasie et les politiques qui soutiennent tout cela[5] ». La famille est donc importante, comme noyau de la société. La religion refuse aussi la violence : « Nous déclarons – fermement – que les religions n’incitent jamais à la guerre et ne sollicitent pas des sentiments de haine, d’hostilité, d’extrémisme, ni n’invitent à la violence ou à l’effusion de sang[6] ».
Sur base de ces principes, le Document énonce douze convictions qui sont communes à l’islam et au christianisme[7].
1.  Les religions nous invitent à la paix et à la fraternité.
2.  « La liberté est un droit de toute personne : chacune jouit de la liberté de croyance, de pensée, d’expression et d’action. Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains ».
3.  « La justice basée sur la miséricorde est le chemin à parcourir ».
4.  Le dialogue et la culture de la tolérance réduisent les problèmes.
5.  « Le dialogue entre les croyants consiste à se rencontrer dans l’énorme espace des valeurs spirituelles, humaines et sociales communes ».
6.  « La protection des lieux de culte – temples, églises et mosquées – est un devoir garanti par les religions[8] ».
7.  « Le terrorisme détestable qui menace la sécurité des personnes, aussi bien en Orient qu’en Occident, au Nord ou au Sud, répandant panique, terreur ou pessimisme n’est pas dû à la religion – même si les terroristes l’instrumentalisent – mais est dû à l’accumulation d’interprétations erronées des textes religieux, aux politiques de faim, de pauvreté, d’injustice, d’oppression, d’arrogance ».
8.  « Le concept de citoyenneté se base sur l’égalité des droits et des devoirs à l’ombre de laquelle tous jouissent de la justice. Il faut renoncer à l’usage discriminatoire du terme minorités ».
9.  « La relation entre Occident et Orient est une indiscutable et réciproque nécessité ».
10.                      « C’est une nécessité indispensable de reconnaître le droit de la femme à l’instruction, au travail, à l’exercice de ses droits politiques ».
11.                      « La défense des droits fondamentaux des enfants à grandir dans un milieu familial […] est un devoir  ».
12.                      « La protection des droits des personnes âgées, des faibles, des handicapés et des opprimés est une exigence religieuse et sociale[9] ». Le document conclut en se promettant de répandre partout ces convictions : « À cette fin, l’Église catholique et Al-Azhar, par leur coopération commune, déclarent et promettent de porter ce Document aux Autorités, aux Leaders influents, aux hommes de religion du monde entier, aux organisations régionales et internationales compétentes, aux organisations de la société civile, aux institutions religieuses et aux leaders de la pensée ; et de s’engager à la diffusion des principes de cette Déclaration à tous les niveaux régionaux et internationaux ».
Dans cette perspective, le diocèse de Liège invite chaque année les responsables de mosquées de la province à un iftar, c’est-à-dire à un souper de rupture du jeûne, à l’évêché. C’est l’occasion d’une connaissance mutuelle dans la cordialité. Depuis quatre ans, le repas est précédé d’une brève conférence à deux voix, une chrétienne et une musulmane, sur un thème commun. On a ainsi abordé la miséricorde de Dieu, le démarche du pèlerinage, le sens de l’espérance. C’est toujours l’occasion de découvrir un point-de-vue nouveau sur un thème connu. Plusieurs fois, c’est une femme qui s’est exprimée au nom des musulmans. Le souper permet de réunir des responsables de communautés très différentes : marocaine, algérienne, turque, belge, sénégalaise, bosniaque,... Ainsi, le repas d’iftar est un espace de découverte mutuelle.  
Cette découverte mutuelle, c’est aussi ce que nous faisons ici aujourd’hui à Rome!
Merci pour votre écoute et votre engagement!
Jean-Pierre Delville, évêque de Liège
(: Cathobel)
[1] Fratelli tutti, 3 octobre 2020, § 5.
[2]  Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commun, 4 février 2019, Abou Dhabi, p. 1
(https://www.vatican.va/content/francesco/fr/travels/2019/outside/d ocuments/papa-francesco_20190204_documento-fratellanzaumana.html).
[3]  Document d’Abou Dhabi, p. 2.
[4]  Document d’Abou Dhabi, p. 3.
[5]  Document d’Abou Dhabi, p. 4.
[6]  Document d’Abou Dhabi, p. 4.
[7]  Document d’Abou Dhabi, p. 4.
[8]  Document d’Abou Dhabi, p. 5.
[9]  Document d’Abou Dhabi, p. 6.
Lecture du soir… ou du matin…

*OPINION : MAIS POURQUOI NOTRE-DAME DE PARIS EST-ELLE SI PLEINE, ET LES  AUTRES ÉGLISES SI VIDES ?
*DÉVOTION MARIALE : CLARIFICATION

L’Art qui conduit à la Transcendance


* ARTS VISUELS :
ORA ET LABORA : C’EST ICI QU’EST NÉE LA RÈGLE DE ST BENOÎT


* LIVRES :
MARIE NOËL


* MUSIQUE :
+ JEAN-SÉBASTIEN BACH : LA CANTATE BWV 57
+ REQUIEMS DE LÉGENDE : CHARLES GOUNOD, MESSE SOLENNELLE EN L’HONNEUR DE STE CÉCILE
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