Une Parole … Une Prière
TEMPS ORDINAIRE – 29ÈME DIMANCHE
…TROUVERA-T-IL LA FOI SUR LA TERRE ?…

« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager : « Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : ‘Rends-moi justice contre mon adversaire.’ Longtemps il refusa ; puis il se dit : ‘Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte personne, comme cette veuve commence à m’ennuyer, je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.’ » Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice ! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice. Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »
Évangile de Jésus Christ selon Luc 18, 1-8
Illustration : Fabienne Verdier, L'Homme en prière I and II, 2013, Groeninge Museum, Paris
Méditation du Pape Léon XIV
ANGELUS
Rome - Dimanche 12 octobre 2025

Chers frères et sœurs !
avant de conclure cette célébration, je souhaite adresser mes salutations chaleureuses à chacun de vous rassemblés pour prier dans ce grand “cénacle” avec Marie, la Mère de Jésus. Vous manifestez la réalité multiforme des associations, des mouvements, des communautés animés par la dévotion mariale, qui est propre à chaque chrétien. Je vous remercie et je vous exhorte à toujours fonder votre spiritualité sur l’Écriture Sainte et sur la Tradition de l’Église.
avant de conclure cette célébration, je souhaite adresser mes salutations chaleureuses à chacun de vous rassemblés pour prier dans ce grand “cénacle” avec Marie, la Mère de Jésus. Vous manifestez la réalité multiforme des associations, des mouvements, des communautés animés par la dévotion mariale, qui est propre à chaque chrétien. Je vous remercie et je vous exhorte à toujours fonder votre spiritualité sur l’Écriture Sainte et sur la Tradition de l’Église.
Je salue tous les groupes de pèlerins, en particulier les laïcs augustins d’Italie et l’Ordre séculier des Carmes déchaux.
Ces derniers jours, l’accord sur le commencement du processus de paix a apporté une lueur d’espoir en Terre Sainte. J’encourage les parties concernées à poursuivre avec courage le chemin tracé, vers une paix juste, durable et respectueuse des aspirations légitimes du peuple israélien et du peuple palestinien. Deux ans de conflit ont laissé derrière eux mort et destruction, surtout dans le cœur de ceux qui ont brutalement perdu leurs enfants, leurs parents, leurs amis, tout ce qu’ils avaient. Avec toute l’Église, je partage votre immense souffrance. Aujourd'hui, c'est surtout à vous que s'adresse la caresse du Seigneur, la certitude que, même dans l'obscurité la plus noire, Il reste toujours avec nous : « Dilexi te – Je t'ai aimé ». À Dieu, seule Paix de l’humanité, nous demandons de guérir toutes les blessures et d’aider, par sa grâce, à accomplir ce qui semble humainement impossible aujourd’hui : redécouvrir que l’autre n’est pas un ennemi, mais un frère à regarder, à pardonner, à qui offrir l’espérance de la réconciliation.
C’est avec tristesse que j’ai appris les informations faisant état de nouvelles attaques violentes qui ont frappé plusieurs villes et infrastructures civiles en Ukraine, causant la mort d’innocents, dont des enfants, et laissant de nombreuses familles sans électricité ni chauffage. Mon cœ ur se joint à la souffrance de la population, qui vit depuis des années dans l’angoisse et le dénuement. Je renouvelle mon appel à mettre fin à la violence, à arrêter la destruction, à s’ouvrir au dialogue et à la paix !
Je suis proche du cher peuple péruvien en cette période de transition politique. Je prie pour que le Pérou puisse poursuivre sur la voie de la réconciliation, du dialogue et de l’unité nationale.
Aujourd’hui, en Italie, on commémore les victimes des accidents du travail : prions pour elles et pour la sécurité de tous les travailleurs.
Et maintenant, tournons-nous avec une confiance filiale vers Marie.
Parole de notre Évêque, Mgr Guy Harpigny…

Anniversaire du Concile

œcuménique de Nicée
(325) (VIIIc) Découverte récente de Grégoire de Nysse
Le lecteur francophone a découvert Grégoire de Nysse grâce
à la Vie de Moïse, le premier volume de la collection « Sources Chrétiennes
», publié en 1942 par Jean Daniélou (1905-1974). La même année Hans Urs von
Balthasar (1905-1988) publie Présence et pensée. Essai sur la philosophie
religieuse de Grégoire de Nysse. Depuis lors, l’édition critique des œuvres
de Grégoire de Nysse n’a pas cessé ; elle touche à sa fin. Nous avons par conséquent
encore beaucoup à apprendre de la théologie de Grégoire de Nysse.
Michel VAN PARYS, Grégoire de Nysse (335 ? – 394 ?),
dans Découvrir les Pères de l’Église, Nouveau Manuel de Patristique,
Perpignan, Groupe Elidia, Artège, 2024, p. 571-612.
Grégoire de Nazianze, dit le Théologien
(330 ? - 390)
Grégoire est né dans une des grandes propriétés
terriennes de Cappadoce à Arianze (Karvâli, en Turquie). Sa famille est riche.
La date de la naissance est sujette à débats : entre 316 et 328. S’il est né en
316, il aurait commencé ses études à l’âge de 30 ans et aurait exercé le ministère
vers 45 ans. S’il est né vers 328, il aurait commencé ses études à l’âge
habituel pour l’époque et aurait exercé le ministère à un âge « normal ». Au
moment de la crise à Constantinople en 381, Grégoire se présente comme un homme
âgé ; ceci ne plaide pas pour la naissance en 328. Le père de Grégoire, appelé
Grégoire l’Ancien, serait né en 276. Il est baptisé en 325, l’année du concile
de Nicée, et devient évêque de Nazianze en 329. Il meurt en 374. Son fils le
compare à Abraham, vu son âge. Son épouse, Nonna, est comparée à Sarah pour les
mêmes raisons. Les parents, âgés, ont trois enfants : Grégoire, Gorgonie et Césaire.
Celui-ci joue, à partir de 360, un rôle important à la cour de l’empereur à
Constantinople.
Formation
Alexandrie
Grégoire fréquente l’école de Césarée de Cappadoce, où il
fait la connaissance de Basile (le Grand). Autour des années 350, il part
continuer ses études à Alexandrie, en Égypte. Sa formation est « complète » :
mathématiques, physique, anatomie, biologie, astrologie, littérature,
philosophie. À Alexandrie, il est témoin d’une crise. L’évêque légitime,
Athanase, est en exil et refusé par beaucoup de chrétiens.
Athènes
Grégoire décide de quitter Alexandrie et de se rendre à
Athènes. Il traverse la mer en 355 et essuie un quasi-naufrage. C’est un choc.
Il saisit avec effroi la crainte de ne plus être dans la communion divine,
n’ayant pas encore été baptisé. Il est baptisé, mais on n’a pas de date. Sans
doute à son arrivée à Athènes. Il retrouve dans cette ville Basile, rencontré
une première fois à Césarée de Cappadoce. À deux, ils tentent une expérience de
fraternité monastique pour témoigner de la force de l’Évangile et pour se tenir
droits dans la foi héritée des Pères, au milieu de courants hérétiques ou
schismatiques et des derniers sursauts du paganisme.
À Athènes, il croise aussi Julien
(331-363), un des princes impériaux. Grégoire le juge de manière très négative.
Au début de l’année 361, l’empereur Constance II
(317-361) demande que l’ensemble des chrétiens adhère à une formule équilibrée
reprenant la formule du concile de Nicée. Un accord avait été signé au synode
de Rimini pour la partie occidentale de l’empire et au synode de Séleucie
d’Isaurie pour la partie orientale, durant les années 358-359. À Nazianze Grégoire
l’Ancien accorde son suffrage au compromis dogmatique, qui infléchit la
doctrine de Nicée. Les moines, liés à Basile le Grand et Grégoire de Nazianze,
sont en ébullition, opposés à Grégoire l’Ancien.
Prêtre
à Nazianze
Celui-ci appelle son fils au secours et décide de
l’ordonner prêtre. Grégoire, le fils, court se réfugier chez Basile dans sa
propriété du Pont à Annesi. On ignore encore la vraie raison de la fuite.
Est-ce parce que Grégoire refuse d’être ordonné prêtre ou parce que les
partisans de Nicée veulent l’ordonner évêque pour succéder à son père ? Au
terme de quelques mois, Grégoire revient à Nazianze pour seconder efficacement
son père. La tâche n’est pas simple tant les divisions sont profondes, tant
l’action de certains moines manifeste leur intransigeance. En 364-370, Grégoire
combat pour l’unité des chrétiens.
En novembre 361, Julien accède à la charge
impériale. Il avait renié son baptême et était revenu à des pratiques païennes.
En juillet 362, il prend des mesures contre les chrétiens, dont l’édit qui leur
interdit l’enseignement de la rhétorique et de la philosophie. Grégoire écrit
une lettre violente à son frère Césaire qui, à la cour de l’empereur, hésite à
propos de la foi reçue de ses parents à Nazianze. Grégoire rédige deux écrits
contre Julien, de véritables philippiques écrites au vitriol. En juin 363,
Julien, dit l’Apostat, est victime d’un combat d’arrière-garde au retour d’une
campagne contre les Sassanides. Jusqu’en 372, Grégoire reste à Nazianze et
consolide l’unité des chrétiens de cette ville. En 368, il perd son frère Césaire,
victime du tremblement de terre à Nicomédie. Gorgonie meurt peu de temps après.
La gestion de la succession financière de son frère est une catastrophe. En
374, Grégoire l’Ancien meurt lui aussi.
(A suivre)
+ Guy Harpigny,
Evêque de Tournai
Source : Église de Tournai, octobre 2025)

Un mot du Curé…

UNE BELLE CÉLÉBRATION CE DIMANCHE AVEC LA REPRISE DE LA CATÉCHÈSE PAROISSIALE


C’est ce dimanche en effet qu’avait lieu la « Messe de
rentrée en catéchèse », une célébration réunissant la communauté habituelle
bien sûr, mais avec également les enfants et les jeunes des trois années de catéchèse, avec leurs parents et bien souvent, les frères
et sœurs. Une grande et belle assemblée des familles, enthousiaste et
chaleureuse. Ce fut vraiment un beau moment ; j’ai reçu plusieurs échos allant
dans ce sens.
Cette année, la catéchèse de l’unité pastorale de Leuze
continue bien entendu à suivre la proposition diocésaine de 2015 : une catéchèse
ancrée dans la célébration dominicale… une catéchèse qui se veut familiale… une
catéchèse qui ne veut plus simplement préparer à un sacrement, mais une catéchèse
centrée sur la personne de Jésus Christ que chacun est invité à découvrir
vivant dans sa propre vie…

En tout cas, une bien belle célébration dimanche dernier,
pleine de vie et d’espérance… une célébration comme le curé aimerait en vivre
bien plus souvent… 

Un grand merci à tous ceux, toutes celles qui l’ont
permise… un grand merci aux quelques catéchistes qui assurent encore ce très
beau service : ils sont peu nombreux car certains ont préféré arrêter, mais la
qualité du travail et l’enthousiasme permettent de dépasser le petit nombre… un
grand merci aux parents qui nous font confiance et accompagnent leurs enfants
dans ce bel enthousiasme et… un grand merci aux enfants !
Si votre enfant souhaite participer à la catéchèse
paroissiale, n’hésitez pas ! Si les inscriptions sont lancées depuis septembre,
il n’y a jamais de date de fin ! Si vous-même souhaitez venir épauler les catéchistes,
bienvenue également !
Bon dimanche Chanoine Patrick Willocq
Intentions de prière pour la semaine

+ Pour l’Église dispensatrice de la miséricorde infinie
de Dieu : qu’elle soit toujours accueillante aux pécheurs… Qu’elle soit généreuse
du pardon divin qui ne lui appartient pas…
+ Pour ceux qui sont rejetés de la société… Qu’ils
trouvent à chaque instant une oreille qui écoute… Qu’ils soient les signes de
la « faiblesse » de Dieu au cœur du monde…
+ Pour ceux qui vivent l’épreuve de la solitude… Qu’ils
trouvent un soutien auprès de leurs frères… Qu’ils mettent toute leur confiance
dans le Seigneur…
+ Pour notre assemblée réunie et pour tous les membres de
nos communautés… Que des liens d’amitié solides nous unissent les uns les
autres, au-delà de nos différences…
CONTACTS
M. le Chanoine Patrick Willocq, curéResponsable de l’Unité pastoraleCuré de tous les clochers de l’entité de LeuzeTour Saint-Pierre 157900 Leuze-en-Hainaut069/77.79.030479/62.66.20M. le Diacre Jean-Marie BourgeoisPastorale du Baptême des petits enfants – Pastorale scolaireGrand-Rue 567900 Leuze-en-Hainaut0470/100 340M. le Diacre Michel HubletMise à jour du site internetAvenue de la Croix-Rouge 447900 Leuze-en-HainautRèglement Général sur la Protection des Données – RGPD – 25 05 2018Responsable du traitement des données personnelles : Abbé Patrick Willocq,Curé - Adresse : voir plus hautDélégué à la protection des données :Secrétaire général de la Conférence épiscopale belge -Adresse : asbl Centre interdiocésain, rue Guimard 1, 1040 Bruxelles - Tél. : 02/507 05 93 -Mail : ce.belgica@interdio.beAutorité de contrôle : Rue de la Presse 35, 1000 Bruxelles - Tél. : 02/274 48 00 -Secrétariat décanalTour Saint-Pierre 15 – 7900 Leuze-en-Hainaut069/77.79.03Permanences : mardi et vendredi de 9h30 à 12h00En cas d’absence, s’adresser à M. le Doyen
Nous porterons dans notre prière ...
Baptêmes
- Le samedi 18 octobre, à 14h30, en l’église de Thieulain, Lévi Vandermeersch, enfant de Manouchka Lefebvre et Dylan Vandermeersch
- Le dimanche 26 octobre, à 10h00, en l’église de Leuze, Armand Renard, enfant de Aude Scohiez et Albert Renard
- Le dimanche 26 octobre, à 14h30, en l’église de Leuze, Mila Fievez, enfant de Camille Delestrait et Rémy Fiévez
Que ces enfants découvrent combien notre Dieu les aime comme ses propres enfants.
Mariages
- Le samedi 18 octobre, à 14h00, en l’église de Leuze : Lori Van Daele et Thibaud Degand
- Le samedi 15 novembre, à 14h00, en l’église de Pipaix : Virginie Joppart et Maxime Degouys
Que tous nos vœux de bonheur et notre prière accompagnent les nouveaux époux !
Funérailles
Aux proches, nous redisons toute notre sympathie dans la foi et l’espérance de l’Évangile.
Dans notre Unité pastorale…



Le missel des dimanches 2026 est disponible
Comme chaque année, vous pouvez vous procurer le missel des dimanches publié aux éditions du Cerf. Le prix de vente public est de 9,90 €. Si vous le souhaitez, vous pouvez me les commander (au plus tard pour le 30 septembre), je ferai une commande groupée. Vous pouvez aussi commander directement à siloe@evechetournai.be ou téléphoner au +32 69 64 62 51.
Abbé Patrick Willocq
Pour les familles… les jeunes… les enfants …





Dans notre Diocèse de Tournai…
PRIÈRE POUR NOTRE NOUVEL ÉVÊQUE
Mgr Frédéric Rossignol sera ordonné le 14 décembre 2025 à 15h à Notre-Dame de Tournai. Accompagnons-le par la prière vers son installation et dans la mission qui lui a été confiée.
Cette prière nous a été proposée par un ami de Mgr Rossignol, le Frère John Paul Esplana (Philippines).






Dans l’Église de Belgique…

Dans sa première exhortation apostolique Dilexi te ("Je t’ai aimé"), publiée ce jeudi 9 octobre, Léon XIV appelle non seulement l'Église, mais aussi notre civilisation, à mettre les pauvres au coeur de leurs préoccupations. Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège, nous livre sa lecture de ce texte qui invite les chrétiens à relire leur foi à la lumière des pauvres et à lutter contre les structures socio-économiques qui causent la pauvreté.
Pour son premier document magistériel, Léon XIV reprend un texte que son prédécesseur, le pape François, avait entamé dans les derniers mois de sa vie, mais qui était resté inachevé. En reprenant ce texte à son compte et en l'achevant, le pape s'inscrit dans une continuité assumée avec son prédécesseur. Référent pour les questions sociales au sein de la Conférence épiscopale de Belgique, Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège, nous livre une lecture de ce texte qui marque un nouveau jalon de l'enseignement social de l'Église.
L'amour du Christ et la proximité avec les pauvres
Ce 9 octobre 2025, le pape Léon XIV publie sa première exhortation apostolique, intitulée "Dilexi te", "Je t’ai aimé". Ces mots sont extraits de l’Apocalypse (Ap 3,9) et sont adressés par le Christ à une Église de petite taille, l’Église de Philadelphie, afin de l’encourager dans sa fidélité à la foi (1). En fait le pape Léon reprend dans son exhortation apostolique un texte préparé par le pape François, mais inachevé : "Ayant reçu en héritage ce projet déjà bien avancé, je suis heureux de le faire mien – ajoutant quelques réflexions – et de le proposer au début de mon Pontificat, partageant ainsi le désir de mon bien-aimé Prédécesseur que tous les chrétiens puissent percevoir le lien fort qui existe entre l’amour du Christ et son appel à nous faire proches des pauvres" (3).
Le pape François avait fait de même au début de son pontificat, en reprenant un texte de Benoit XVI et en le finalisant sous le titre "Lumen fidei", "La lumière de la foi". "Dilexi te" montre bien le lien qui unit le pape Léon au pape François, d’autant plus que la dernière encyclique du pape François s’intitulait "Dilexit nos", "Il nous a aimés", et parlait de l’amour du Christ pour nous, en valorisant son "cœ ur sacré".
"Une manière fondamentale de rencontrer le Seigneur de l'histoire"
Le premier chapitre, "Quelques paroles indispensables", présente les convictions du pape Léon : "Je suis convaincu que le choix prioritaire en faveur des pauvres engendre un renouveau extraordinaire, tant dans l’Église que dans la société, lorsque nous sommes capables de nous libérer de l’autoréférentialité et que nous parvenons à écouter leur cri"(7). Le Pape voit à la fois la nécessité de contribuer à sortir le pauvre de la pauvreté et l’importance pour les chrétiens de s’engager pour les pauvres.
Il souligne une phrase clé de l’Évangile : "Les pauvres, vous les aurez toujours avec vous" (Mt 26, 8-9.11) (4). Il fait le parallèle avec la phrase du Christ : "Je suis avec vous pour toujours" (Mt 28, 20) (5). Dès lors, dit le pape, "nous ne sommes pas dans le domaine de la bienfaisance, mais dans celui de la Révélation : le contact avec ceux qui n’ont ni pouvoir ni grandeur est une manière fondamentale de rencontrer le Seigneur de l’histoire. À travers les pauvres, Il a encore quelque chose à nous dire" (5).
S'engager pour l'élimination des causes structurelles de la pauvreté On retrouve ici l’attention du pape Léon à recentrer l’attention sur le Christ : le pauvre nous conduit au Christ. Mais le pape tient aussi à centrer l’attention sur le sort des pauvres ; il rappelle la parole de Dieu à Moïse, dans le buisson ardent : "J’ai vu la misère de mon peuple" (Ex 3,7) (8). Il en conclut : "l’engagement en faveur des pauvres et pour l’élimination des causes sociales et structurelles de la pauvreté, bien qu’il ait pris de l’importance au cours des dernières décennies, reste toujours insuffisant" (10). Il dénonce la malnutrition des enfants, les violences faites aux femmes (12), les travaux dégradants (14) : la pauvreté est bien réelle et ne doit pas être minimisée (15). Ceci est un appel à chacun de nous, pour que nous ouvrions les yeux et que nous nous engagions dans la lutte contre la pauvreté.
"Dieu choisit les pauvres"
Suite à ces constats, le pape évoque la Bible, dans le chapitre 2, "Dieu choisit les pauvres", et montre combien celle-ci s’intéresse aux pauvres (16-17, 24-25). La Bible est en effet un des rares livres de l’Antiquité qui n’émane pas du monde des riches et des puissants, mais d’un peuple pauvre et opprimé. Le Pape relève comment Jésus est un "messie pauvre" (18), dès sa naissance et sa jeunesse, jusqu’à son ministère public (21). Jésus proclame : "Heureux, vous les pauvres !" (Lc 7,22). Il rencontre les malades et les nécessiteux. Il se reconnaît dans les pauvres qu’on a visités, libérés et consolés (Mt 25, 31-46) (28). Puis le pape montre comment les premières communautés ont vécu cela aussi (29). Il conclut par des mots personnels : "Je me demande souvent pourquoi, malgré cette clarté des Écritures à propos des pauvres, beaucoup continuent à penser qu’ils peuvent tranquillement les exclure de leurs préoccupations" (23).
L'Église au service des pauvres
Le chapitre 3 est centré sur l’histoire de l’Église et s’intitule "Une Église pour les pauvres" (35). Il montre l’engagement des Pères de l’Église pour les pauvres : qu’on pense à Justin, Jean Chrysostome, Augustin ou Cyprien (43). Puis il relève l’action des saints et des fondateurs d’ordre au service des pauvres et des malades (50). Il montre l’engagement monastique à ce sujet, avec saint Basile et saint Benoît (54). Il épingle les ordres consacrés à la libération des captifs (60), puis les ordres mendiants, témoins directs de la pauvreté, sous l’impulsion particulière de saint François (63) et de saint Dominique (66). Ensuite, il évoque les congrégations de femmes fondées au 19e siècle (71), puis celles qui se mettent au service des migrants (74). Enfin, il souligne l’engagement actuel de mouvements comme Caritas (75), comme les Missionnaires de la charité, fondées par sainte Teresa de Calcutta (77), et comme les mouvements populaires de laïcs chrétiens (80).
Des "structures de péché" comme aliénation sociale
Le chapitre 4 s’intitule "Une histoire qui continue". Le pape Léon y développe la doctrine sociale de l’Église, à partir de Léon XIII, dont il a repris le nom (82), en arrivant à Jean XXIII et au Concile Vatican II. Il souligne le rôle de Jean-Paul II, avec qui "la relation préférentielle de l’Église pour les pauvres s’est consolidée" (87). Il situe le rôle du pape François dans le contexte de l’engagement social des évêques latino-américains. Il ajoute : "Moi-même, qui ai été missionnaire au Pérou pendant de longues années, je dois beaucoup à ce cheminement de discernement ecclésial, que le Pape François a su habilement relier à celui des autres Églises particulières, notamment celles du Sud global" (89).
Le pape précise qu’il souligne deux thèmes spécifiques de ce magistère : les structures de péché, qui créent des pauvretés et des inégalités extrêmes (90) ; et les pauvres comme sujets et non comme objets (99). Dans "Dilexit nos", le pape François avait développé la notion de "structure de péché", comme aliénation sociale (93). Donc ajoute le pape Léon : "Nous devons nous engager davantage à résoudre les causes structurelles de la pauvreté" (94). Cela débouche aussi sur l’habitat et l’environnement (96). Concernant les pauvres comme sujets (99), le pape Léon valorise les capacités des pauvres : "L’expérience de la pauvreté leur donne la capacité de reconnaître des aspects de la réalité que d’autres ne réussissent pas à voir, et c’est pourquoi la société a besoin de les écouter" (100). C’est ainsi que les pauvres nous évangélisent (102).
Les pauvres nous rappellent à l'essentiel de la foi
Le chapitre 5 est nommé "Un défi permanent" et cible l’actualité. Le pape explique : "J’ai voulu rappeler cette histoire bimillénaire d’attention ecclésiale envers les pauvres et avec les pauvres pour montrer qu’elle fait partie intégrante du cheminement ininterrompu de l’Église" (103). Il ajoute : "l’amour des pauvres est la garantie évangélique d’une Église fidèle au cœ ur de Dieu". Cela va contre l’air du temps : "La culture dominante au début de ce millénaire pousse à abandonner les pauvres à leur sort, à ne pas les considérer dignes d’attention et encore moins de reconnaissance" (105). Il rappelle ici la parabole du Bon Samaritain, cet homme qui s’arrête à côté du blessé sur le chemin et passe à l’action (106).
"Une Église qui ne met pas de limites à l'amour"
Les pauvres nous rappellent à l’essentiel de la foi (110). Malheureusement, ajoute le pape : "On constate parfois dans certains mouvements ou groupes chrétiens un manque, voire une absence, d’engagement pour le bien commun de la société et, en particulier, pour la défense et la promotion des plus faibles et des plus défavorisés. Il convient de rappeler que la religion, en particulier la religion chrétienne, ne peut se limiter à la sphère privée comme si elle n’avait pas à se préoccuper des problèmes touchant la société civile et les événements qui intéressent les citoyens" (112). Il faut savoir donner gratuitement, de l’argent, par l’aumône, ou du temps, par notre engagement (115).
Le pape conclut en appelant de ses vœux "une Église qui ne met pas de limites à l’amour, qui ne connaît pas d’ennemis à combattre, mais seulement des hommes et des femmes à aimer ; c’est l’Église dont le monde a besoin aujourd’hui" (120). Il termine en écrivant : "Que ce soit par votre travail, votre lutte pour changer les structures sociales injustes, ou encore par ce geste d’aide simple, très personnel et proche, il sera possible pour ce pauvre de sentir que les paroles de Jésus s’adressent à lui : Je t’ai aimé (Ap 3, 9)".
Conclusion : combattre les structures de péché et se mettre à l'écoute du pauvre
En conclusion, je voudrais remarquer deux accents originaux. Le premier est l’assimilation personnelle et actuelle que fait le pape Léon de l’enseignement du pape François en matière de souci des pauvres. Cette reprise est intégrée très complètement et très fidèlement, elle est structurée rigoureusement par un chapitre sur la Bible, un sur l’histoire de l’Église et un sur la doctrine sociale de l’Église. Le tout est situé dans le contexte d’une actualité où le pauvre n’est pas populaire et n’est pas considéré.

Le second accent, ce sont les deux défis que souligne le pape Léon et qui sont constamment repris au cours de toute l’exhortation : d’une part, les structures de péché, qui créent des pauvretés et des inégalités extrêmes (90) ; d’autre part, les pauvres qu’il faut voir comme sujets et non comme objets (99). Le premier défi nous lance tous sur la voie de la lutte contre la pauvreté, que ce soit dans les grandes actions au niveau des structures sociales, dans l’engagement au sein d’associations d’entraide, ou que ce soit dans les petits gestes, comme l’aumône. Le second défi nous met à l’écoute du pauvre, à respecter sa personne et à le voir comme maître de vie et de foi.
Voilà donc un texte stimulant et cohérent, qui nous invite à réviser notre position envers les pauvres, à découvrir nos pauvretés, à aimer les pauvres, à relire notre foi à la lumière des pauvres et à lutter contre les structures de pauvreté.
+ Jean-Pierre DELVILLE, Évêque de Liège