Une Parole … Une Prière
34ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
SOLENNITÉ DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST ROI DE L’UNIVERS
« … QUAND SOMMES-NOUS VENUS JUSQU’À TOI ?… »

« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : ‘Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !’ Alors les justes lui répondront : ‘Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu...? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison... Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?’ Et le Roi leur répondra : ‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.’
Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : ‘Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.’ Alors ils répondront, eux aussi : ‘Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?’ Il leur répondra : ‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.’ Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 25, 31-46
Illustration : Jean-Marie PIROT, dit ARCABAS, Outrages à Jésus Roi, 1985, pâte à papier - acétate de polyvinyle – huile, 65cm x 61cm,
Musée Aracabas en Chartreuse - Eglise St-Hugues-de-Chartreuse
Méditation du Pape François…
PRIÈRE DU PAPE FRANÇOIS POUR LA PAIX EN UKRAINE


PAPE FRANCOIS
Angélus – Place St-Pierre – 22 novembre 2020

Chers frères et sœurs, bonjour!
Aujourd’hui nous célébrons la solennité de Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l’univers, avec laquelle se conclut l’année liturgique, la grande parabole où se déploie le mystère du Christ: toute l’année liturgique. Il est l’Alpha et l’Omega, le commencement et l’accomplissement de l’histoire; et la liturgie du jour se concentre sur l’«omega», c’est-à-dire sur l’objectif final. On comprend le sens de l’histoire en gardant son sommet devant les yeux: la fin est aussi le but. Et c’est justement ce que fait Matthieu, dans l’Evangile de ce dimanche (25, 31-46), en plaçant le discours de Jésus sur le jugement dernier dans l’épilogue de sa vie terrestre: Lui, que les hommes s’apprêtent à condamner, est en réalité le juge suprême. Dans sa mort et sa résurrection, Jésus se montrera le Seigneur de l’histoire, le Roi de l’univers, le Juge de tous. Mais le paradoxe chrétien est que le Juge ne revêt pas une royauté redoutable, mais qu’il est un pasteur plein de tendresse et de miséricorde.
En effet, dans cette parabole du jugement final, Jésus se sert de l’image du pasteur. Il prend les images du prophète Ezéchiel, qui avait parlé de l’intervention de Dieu en faveur du peuple, contre les mauvais pasteurs d’Israël (cf. 34,1-10). Ces derniers avaient été cruels, des exploiteurs, préférant se nourrir eux-mêmes plutôt que le troupeau; c’est pourquoi Dieu lui-même promet de prendre soin personnellement de son troupeau, en le défendant des injustices et des abus. Cette promesse de Dieu pour son peuple s’est pleinement réalisée en Jésus Christ, le Pasteur: c’est précisément Lui qui est le Bon Pasteur. Il dit Lui aussi de lui-même: «Je suis le bon pasteur» (Jn 10, 11.14)
Dans le passage évangélique d’aujourd’hui, Jésus s’identifie non seulement avec le roi-pasteur, mais aussi avec les brebis égarées. Nous pourrions parler d’une sorte de «double identité»: le roi-pasteur, Jésus, s’identifie également avec les brebis, c’est-à-dire avec les frères les plus petits et les plus nécessiteux. Et il montre ainsi le critère du jugement: il sera fait sur la base de l’amour concret donné ou refusé à ces personnes, car Lui même, le juge, est présent en chacune d’elles. Il est le juge, Il est Dieu-homme, mais Il est aussi le pauvre, Il est caché, Il est présent dans la personne des pauvres qu’Il mentionne précisément ici. Jésus dit: «Amen, je vous le dis: chaque fois que vous l’avez fait (ou que vous ne l’avez pas fait) à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (ou que vous ne l’avez pas fait)» (vv. 40.45). Nous serons jugés sur l’amour. Le jugement sera sur l’amour. Pas sur le sentiment, non: nous serons jugés sur les œuvres, sur la compassion qui se fait proximité et aide attentive.
Est-ce que je m’approche de Jésus présent dans la personne des malades, des pauvres, de ceux qui souffrent, des détenus, de ceux qui ont faim et soif de justice? Est-ce que je m’approche de Jésus qui est présent là? C’est la question d’aujourd’hui.
A la fin du monde, le Seigneur passera donc en revue son troupeau, et il le fera non seulement de la part du pasteur, mais aussi de la part des brebis, avec lesquelles Il s’est identifié. Et il nous demandera: «As-tu été un peu pasteur comme moi?». «As-tu été un pasteur pour moi qui étais présent dans ces personnes qui étaient dans le besoin, ou as-tu été indifférent?». Frères et sœurs, gardons-nous de la logique de l’indifférence, de ce qui vient immédiatement à l’esprit: détourner le regard quand nous voyons un problème. Souvenons-nous de la parabole du Bon Samaritain. Ce pauvre homme, blessé par des brigands, jeté à terre, entre la vie et la mort, était là tout seul. Un prêtre passa, le vit, et s’en alla en détournant le regard. Un lévite passa, le vit et détourna le regard. Moi, devant mes frères et sœurs dans le besoin, suis-je indifférent comme ce prêtre, comme ce lévite, est-ce que je détourne le regard? Je serai jugé sur cela: sur la façon dont je me suis approché, dont j’ai regardé Jésus présent dans les personnes démunies. C’est la logique, et ce n’est pas moi qui le dis, c’est Jésus: «Ce que vous avez fait, à celui-ci, à celui-là, c’est à moi que vous l’avez fait. Et ce que vous n’avez pas fait à celui-ci, à celui-là, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait, parce que j’étais présent là». Que Jésus nous enseigne cette logique, cette logique de la proximité, de s’approcher de Lui, avec amour, dans la personne des plus souffrants.
Demandons à la Vierge Marie de nous enseigner à régner dans le service. Marie, montée au Ciel, a reçu de son Fils la couronne royale, parce qu’elle l’a suivi fidèlement — elle est la première disciple — sur le chemin de l’Amour. Apprenons d’elle à entrer dès à présent dans le Royaume de Dieu, à travers la porte du service humble et généreux. Et rentrons chez nous seulement avec cette phrase: «J’étais présent là. Merci!» ou: «Tu m’as oublié».
La Vidéo du Pape …
Vous êtes-vous déjà demandé comment un Pape fait face à ses défis quotidiens ? Le Pape François nous explique qu’« être Pape ne signifie pas que l’on perd son humanité ». Au contraire, « être Pape, c’est aussi un processus » dans lequel « on prend conscience de ce que signifie être pasteur ». C’est pourquoi il nous invite à demander au Seigneur de le bénir. Et à prier « afin que le Pape, quel qu’il soit, et aujourd’hui c’est mon tour, reçoive l’aide de l’Esprit Saint, et qu’il soit docile à cette aide ». Nous vous invitons à vous unir à la prière pour le Pape, afin que dans l’exercice de sa mission, il puisse continuer à accompagner dans la foi le troupeau qui lui est confié par Jésus et toujours avec l’aide de l’Esprit Saint.
Prions pour le Pape, afin que, dans l’exercice de sa mission,
il continue à accompagner dans la foi le troupeau qui lui est confié,
avec l’aide de l’Esprit Saint.
Demandez au Seigneur de me bénir.
Votre prière me donne de la force et m’aide à discerner et à accompagner l’Église à l’écoute de l’Esprit Saint.
Être Pape ne signifie pas que l’on perd son humanité. Au contraire, mon humanité grandit chaque jour davantage avec le peuple saint et fidèle de Dieu.
Car être Pape, c’est aussi un processus. On prend conscience de ce que signifie être pasteur.
Et dans ce processus, on apprend à être plus charitable, plus miséricordieux et, surtout, plus patient, comme l’est notre père Dieu, qui est si patient.
Je peux imaginer que tous les papes, au début de leur pontificat, ont eu ce sentiment de peur, de vertige, de celui qui sait qu’il va être jugé sévèrement.
Car le Seigneur va nous demander, à nous évêques, de rendre des comptes sérieusement.
S’il vous plaît, je vous demande de juger avec bienveillance. Et de prier afin que le Pape, quel qu’il soit, et aujourd’hui c’est mon tour, reçoive l’aide de l’Esprit Saint, et qu’il soit docile à cette aide.
Prions pour le Pape, afin que, dans l’exercice de sa mission, il continue à accompagner dans la foi le troupeau qui lui est confié par Jésus et toujours avec l’aide de l’Esprit Saint.
Faisons cette prière en silence de vous tous sur moi.
Priez pour moi, en ma faveur bien-sûr !
Méditation de notre Évêque, Mgr Guy Harpigny…

La question du vêtement religieux vient essentiellement du port du voile de la part de femmes musulmanes dans l’espace public, ou dans l’exercice d’une profession au service de personnes qui ne partagent pas de convictions religieuses, ou qui prônent la neutralité des personnes au service du public.
Historique depuis 1945, dans l’Eglise catholique
Cette question ne se posait pas dans la société belge ou française de l’après-guerre 39-45. Le vêtement religieux – la soutane ou l’habit religieux pour les hommes catholiques évêques, prêtres ou membres d’un institut de vie consacrée ; le voile et l’habit religieux pour les femmes membres d’un institut de vie consacrée – pouvait être porté en tout lieu public. L’abbé Pierre, membre de l’assemblée nationale à Paris, portait la soutane.
Du côté de l’Eglise catholique, le concile Vatican II (1962-1965) a suscité chez certains catholiques une révision de l’habit ecclésiastique.
La soutane a disparu ; l’habit religieux a été simplifié ; le voile des religieuses n’est plus obligatoire.
Le surgissement de communautés religieuses nouvelles a remis l’habit spécifique en honneur de manière ostensible. Les groupes de catholiques intégristes ou traditionalistes maintiennent l’habit ecclésiastique ou religieux.
Les moines et moniales, représentants de la vie contemplative dans des monastères, ont un habit religieux pour la liturgie, mais pas pour le travail manuel.
Il en va de même pour les instituts de vie consacrée.
Pour les évêques et les prêtres, l’habit liturgique est de rigueur pour les célébrations liturgiques.
On constate que les évêques portent le col romain dans l’espace public. Des prêtres le portent aussi. Des moines et moniales ont un habit plus simple ou pas d’habit religieux du tout quand ils sont en dehors du monastère. Le minimum requis est de porter une petite croix sur le vêtement ou une croix pectorale.
Une première constatation : exiger la suppression de tout signe religieux ostentatoire dans l’espace public ou dans le service au public ne fait pas de difficulté chez les catholiques, sauf chez les intégristes et les traditionalistes. L’exception reconnue par tous est le lieu de la célébration : les ministres de la célébration ont un vêtement liturgique. La difficulté vient du monde musulman, que nous connaissons très mal
En effet, ceux qui voyagent beaucoup dans les pays, où une grande partie de la population est musulmane, voient qu’il y a beaucoup de manières différentes de s’habiller tant de la part des chefs religieux que des responsables des Etats. Il y a de grandes différences entre l’Arabie saoudite et l’Egypte, la Turquie et l’Iran, l’Algérie et le Qatar. Depuis 1900
Rien qu’en parcourant ces pays à partir de 1900, nous saisissons l’évolution rapide des coutumes. Dans l’empire ottoman, qui s’est écroulé à la fin de la guerre 14-18, les membres des différentes convictions religieuses, des ethnies et des ensembles linguistiques devaient respecter un code vestimentaire. Un musulman ne s’habillait pas comme un Arménien, un Grec ou un Kurde. L’instauration de l’Etat turc par Ataturk a aboli ce code vestimentaire et il a imposé un dress-code à l’occidentale. Ce qui signifie la fin du voile pour les femmes musulmanes et le vêtement laïc pour les responsables religieux, musulmans, chrétiens ou israélites, Juifs.
En Egypte, où j’ai résidé durant une année académique dans les années 1970, très peu de femmes portaient le voile.
Depuis les années 1990
Le grand changement est venu à partir des années 1990. En effet, beaucoup de groupes idéologiques ont commencé à imposer le voile aux femmes afin qu’elles manifestent publiquement qu’elles sont musulmanes. Dans certains groupes, les hommes ont eux aussi l’obligation de montrer qu’ils sont musulmans : la barbe, le vêtement long et la tête couverte comme à la mosquée le vendredi midi.
Pour une approche rapide des mouvements « islamistes », voir Gilles Kepel, Prophète en son pays, Paris, Editions de l’Observatoire, 2023, qui raconte comment il a, contrairement aux interprétations du Quai d’Orsay (Les affaires étrangères à Paris) et des instituts d’islamologie des universités françaises, suivi l’évolution des mouvements islamistes « opposés » aux traditions occidentales, et mis fin à la perception « positive » de l’occidentalisation du Moyen-Orient et du Maghreb, en vogue durant la présidence de Sadate en Egypte.
D’où la question de ceux qui ne sont pas musulmans : faut-il vraiment vivre avec des personnes, des groupes, qui montrent ostensiblement qu’ils sont de conviction musulmane. N’est-ce pas accepter que nous sommes d’accord avec les actes terroristes venant de musulmans ; accepter que nous sommes d’accord avec le système d’éducation des pères de famille qui imposent à leurs filles de se montrer musulmanes dès l’école primaire ; accepter qu’à la piscine ou dans d’autres lieux où nous mettons des vêtements plus légers, adaptés au sport qui est exercé, nous devons nager avec des personnes couvertes du cou jusqu’aux pieds ?
Une autre conception de la pudeur
Nous raisonnons de cette manière parce que nous sommes dans une ambiance culturelle qui accepte une autre conception de la pudeur.
Dans les années 1920, le pape Pie XI réagissait vivement contre les vêtements sportifs portés par des femmes. Un siècle plus tard, plus personne n’y prête attention.
Est-ce que d’ici quelques décennies le monde musulman ne fera pas le même pas, ne franchira pas une nouvelle étape dans le domaine du vêtement ? C’est possible.
Une approche académique de l’islam
J’en viens maintenant à une approche plus scientifique, plus académique. Je reprends une étude récente de Rémi Brague, Sur l’islam, Paris, Gallimard, 2023. Rémi Brague est Français, né à Paris en 1947. De formation philosophique, il a enseigné la philosophie de langue arabe à l’université de Paris I (Panthéon-Sorbonne) de 1990 à 2010 et la philosophie des religions européennes à l’université Ludwig-Maximilian à Munich de 2002 à 2012. Il est membre de l’Institut de France. Il a étudié et commenté les œuvres de grands auteurs musulmans, juifs et chrétiens qui rédigeaient leurs textes en arabe. Tout au long de son enseignement, Brague a voulu respecter la raison, le logos comme disent les Grecs, en distinguant autant que possible la raison de la religion, même si ce n’est pas toujours possible. C’est ainsi que Brague en est arrivé à distinguer entre la théorie islamique et la pratique islamique telle que l’histoire en témoigne. Son ouvrage de 2023 veut éclairer la pratique islamique telle que l’histoire la présente. Quand on parle de l’islam, on a quatre significations.
1. Islam signifie d’abord un rapport au divin, une attitude d’abandon de soi à Dieu.
2. La deuxième signification de l’islam est la religion prêchée par Mahomet dans l’Arabie du VIIème siècle de notre ère. Les Occidentaux disent cela. En fait, pour les musulmans, l’islam est une religion bien plus ancienne que celle prêchée par Mahomet.
3. La troisième signification de l’islam est la civilisation comme un fait historique qui commence au VIIème siècle et va jusqu’à nos jours, dans un espace bien clair qui va de la Mauritanie à l’Indonésie. Les caractéristiques sont bien connues : le temps est réglé par un calendrier propre, qui commence en 622. Cette civilisation se comprend comme se distinguant de ce qui n’est pas elle : dans le temps, elle rompt avec l’époque qui la précède, le temps de l’ignorance ; au plan géographique, l’islam est un domaine pacifié qui s’oppose au domaine de la guerre, qui comporte tous les pays non encore conquis par les musulmans.
4. La quatrième signification de l’islam est l’ensemble des peuples qui ont été marqués par l’islam comme religion et qui ont hérité de la civilisation islamique. On parle de « réveil de l’islam », c’est-à-dire des luttes de libération contre les puissances européennes coloniales comme l’Angleterre en Egypte, la France au Maghreb, les Pays-Bas en Indonésie, la Russie en Asie centrale.
Ces quatre significations entraînent quatre malentendus
La première confusion mélange l’attitude générale de soumission à Dieu et la religion instituée. Cette confusion permet de dire qu’Abraham est le premier musulman, parce que soumis à Dieu. S’il en est ainsi, on pourrait dire que tous les croyants sont musulmans, parce qu’ils se disent soumis à Dieu. Goethe a pu dire que nous vivons tous dans l’islam.
La deuxième confusion mélange la religion avec la civilisation qu’elle a influencée et avec les peuples qui, vivant dans cette civilisation, ont été marqués par la religion. Grâce à cette confusion, on peut se demander qui peut parler au nom de l’islam. Normalement il faut un consensus unanime de la communauté, mais ce consensus n’est pas organisé. Certains parlent du « véritable » islam, quand on voit les actes terroristes. Le véritable islam n’est pas terroriste. Qui est habilité à dire cela ? Quand on voit les réactions de certains musulmans face aux attentats, face à l’Etat islamique, on ne peut que se poser la question : qui a autorité pour dire où est le véritable islam ?
Le troisième malentendu résulte de la confusion entre religion et civilisation, entre Islam et islam. Pour la dogmatique islamique, la religion ne coïncide pas avec la civilisation. Celle-ci est datée ; la religion est éternelle. La religion de l’islam était déjà celle d’Abraham. Les chrétiens parlent des religions d’Abraham. En fait, pour les musulmans, il n’y a qu’une seule religion d’Abraham, c’est l’Islam. Les non-musulmans parlent des traits de civilisation : les domaines des sciences, de l’art ou de la philosophie, comme étant positifs. Les mêmes non-musulmans parlent de la situation de la femme dans l’islam, de manière négative. Cela n’est pas de la religion, mais de la civilisation.
Le quatrième malentendu est l’illusion selon laquelle la religion serait un facteur dernier de la civilisation. La religion est un des facteurs, à côté des échanges économiques, de l’appareil de l’Etat, des coutumes sociales et traditionnelles. Les Européens « sécularisés » pensent-ils encore que la religion est le facteur dernier de la civilisation ?
Certains Européens s’imaginent que chez les peuples islamisés, la religion joue un rôle plus important qu’en Europe ! Ces Européens soulignent tellement dans l’islam l’aspect religieux qu’ils oublient les dimensions sociales, nationales ou autres. Ils font le jeu des « Frères musulmans » qui comptent sur les musulmans arrivés en Europe par immigration de travail, regroupement familial, etc. pour réislamiser des aires géographiques où les musulmans ont dilué leur religion sous diverses influences occidentales.
Ces Européens pensent que les problèmes que les musulmans doivent affronter sont de nature exclusivement religieuse. Pendant tout un temps, depuis Marx, les Occidentaux ont refusé de croire que la religion pouvait être autre chose qu’une superstructure camouflant des intérêts économiques ou sociaux. Aujourd’hui ils risquent d’expliquer les actions et les réactions des gens qui adhèrent à une religion sont mus par des motivations religieuses. Les mêmes jugements viennent des musulmans à propos de la chrétienté…
De quel islam le voile islamique est-il le signe ? Soumission à Dieu ? Signe de la Religion avant la prédication du prophète ? Signe de la civilisation qui va de la Mauritanie à l’Indonésie ? Signe de la lutte de libération contre les puissances coloniales occidentales ?
Que penser de la Sharia ?
Depuis les Grecs, la tradition philosophique distingue entre la loi naturelle et la loi positive. Il suffit de penser à tout ce qui est dit sur le fondement du droit dans une société. Dans la tradition européenne occidentale, la loi naturelle est réduite à la portion congrue ou bien éliminée. On le voit dans les débats sur le commencement de la vie humaine et sur la fin de la vie humaine dans la dignité. On le voit également dans la perception progressive de l’orientation sexuelle. Cette évolution est faite au profit du caractère positif des lois, soutenu par ce qu’on appelle le « positivisme juridique ».
Au Parlement, on dit régulièrement : la loi civile est supérieure à la loi religieuse.
Quand l’islam parle du fondement du droit, il se situe du côté du positivisme juridique d’une façon très originale. L’islam dit que ce que la Loi a de positif tient, non pas à ce qu’elle a été votée et promulguée par des instances humaines (parlement démocratiquement élu ou dictateur), mais bien par Dieu lui-même. On dit qu’il n’y a rien qui ressemble à la loi naturelle en islam. Les sommités qui ont étudié cette question arrivent à la même conclusion : il n’y a pas de loi naturelle en islam. Pourquoi ?
Quand on regarde l’expansion de l’islam à partir du VIIème siècle, on constate que des tribus arabes exercent le pouvoir de l’Etat dans des zones contrôlées autrefois par le pouvoir byzantin, selon le droit romain.
Les musulmans doivent, pour subsister comme groupe, avoir une justification de leurs comportements, différents de ceux des Byzantins, et des autres peuples : cette justification viendra de Dieu. Les règles de comportement doivent provenir de la plus haute source d’autorité, c’est-à-dire Dieu.
Une autre difficulté apparaît. Les hommes doivent laisser pousser la moustache et la barbe ; les femmes doivent couvrir leur tête et leur poitrine d’un voile. Devant ce genre de pratique, les Occidentaux adoptent souvent le point de vue du touriste qui regarde des habitudes pittoresques avec surprise et peut-être un soupçon de mépris. Ils pensent peut-être qu’on est en présence de choses bizarres. Eh oui ! En islam les femmes portent un foulard. On pense qu’il s’agit d’une sorte de folklore.
En fait, pour des musulmans, ce code vestimentaire trouve son origine dans la volonté de Dieu, explicitement formulée : les soins du système pileux des hommes dans une déclaration du Prophète ; la coiffure féminine dans deux versets du Coran (24,31 ; 33,59).
Certains Occidentaux pourraient accepter que Dieu puisse promulguer des prescriptions de nature morale, comme les Dix Commandements. Mais que Dieu s’intéresse au système pileux, cela est étrange. C’est pourquoi, le droit, qui est le cœur même de l’islam, doit être étudié.
Il y a bien des domaines à distinguer : entre ce qu’un musulman peut faire et ce qu’il doit faire ; entre ce qu’il fait effectivement et ce qu’il devrait faire ; entre l’obligatoire et le facultatif ; entre le devoir et le passe-temps. Exemples : le mysticisme et la philosophie sont, dans le meilleur des cas, permis ; l’obéissance à la loi divine est obligatoire et peut éventuellement être imposée.
On entre ainsi dans une difficulté majeure : il n’y a pas en islam de distinction entre le politique et le religieux, le temporel et le spirituel. Cette indistinction se retrouve chez les grands auteurs musulmans, à propos de concepts comme théocratie, inexistence de monde profane.
On peut continuer avec le concept de nature.
Si bien que, d’après le droit en islam, il n’y a pas de règles communes pour les musulmans et les non-musulmans. Il n’y a pas de loi naturelle « commune à tous les membres de l’humanité ».
Conséquences :
L’Occidental juge la moralité des actes à partir de principes moraux qu’il considère comme universels. Le droit musulman part du principe que le bien vient de Dieu. Si un non-musulman pose un acte bon, ce n’est pas parce qu’il a un principe moral bon, mais parce que c’est Dieu qui a dit où est le bien.
Les non-musulmans n’ont pas de droits.
L’islam est la seule religion vraie.
Puisque Dieu veut que les femmes doivent se couvrir la tête et la poitrine, il est impossible de ne pas le faire.
Un mot du Curé…

BIENTÔT LE TEMPS DE L’AVENT !
ENVOYONS DÉJÀ NOS VŒUX
DE NOUVELLE ANNÉE…LITURGIQUE
Dimanche du Christ roi de
l’Univers, dernier dimanche de l’année liturgique… Dimanche prochain, ce sera
le premier Dimanche de l’Avent et s’ouvrira la NOUVELLE ANNEE des chrétiens
!... Et souvent, on fête le dernier jour de l’année qui s’achève : cotillons,
pâtisseries, vœux…
Pour cette dernière semaine de
l’année liturgique, je vous souhaite donc à chacun, chacune de fermer la
porte,… autant que faire se peut et on ne le peut pas toujours… sur les
lourdeurs, les blessures, les embûches de l’année qui se termine, pour, la
semaine prochaine, ouvrir celle de cette Nouvelle Année et laisser entrer la
lumière du Seigneur, que chantera le psalmiste : « Dieu, fais-nous revenir que
ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés ! » Elle viendra illuminer vos
jours et vos nuits, même les plus sombres, car, on le sait bien, les souhaits
les meilleurs n’ont pas le pouvoir de faire reculer les ténèbres et les soucis
de nos vies mais, si nous sommes croyants, nous savons que nous ne sommes pas
seuls… Pour cela, la Liturgie du premier dimanche d’Avent nous invitera à
veiller le retour de notre Seigneur. Je vous souhaite donc de Le découvrir déjà
présent à vos côtés…
« Le Seigneur vient » : tel est
chaque année le grand cri de l’Avent ! Le Seigneur vient à notre rencontre… Il
n’oublie personne… Il vient nous rejoindre chacun, chacune dans ce qui fait
notre vie : joies, peines, soucis, espérances… Il vient et nous propose son
chemin de Vie… Prenons-le, même avec le peu d’espoir qui nous reste !...
Prenons-le… N’ayons pas peur… Parfois ses chemins sont surprenants, mais jamais
il ne nous trahit, il ne nous ment, il ne nous agresse, il ne nous blesse…
Suivons alors sans peur cette petite lumière du Seigneur… et il nous conduira à
cette « terre promise » qu’il prépare pour chacun de nous, là où il nous attend
pour nous offrir la béatitude selon son cœur dès aujourd’hui… si nous le
voulons bien…
Comme la semaine dernière je vous
invitais à fabriquer la Couronne d’Avent pour votre maison (voir le petit
rappel ci-dessous), cette semaine, je vous invite à envoyer vos vœux de
Nouvelle Année aux couleurs de l’Evangile… Cela
surprendra peut-être… mais une surprise est toujours agréable quand elle est
bonne !
Bon dimanche !
Chanoine
Patrick Willocq
Intentions de prière pour la semaine

+ Seigneur, Pasteur de ton Eglise,
guide-la sur les chemins de ce monde…
Qu’elle soit le signe vivant de
l’Evangile…
+ Seigneur, Pasteur des nations,
fais que la raison des gouvernants soit celle du cœur…
Qu’ils œuvrent pour le
bien de tous…
+ Seigneur, Pasteur de tous les
hommes, accompagne ceux qui souffrent et qui sont dans la peine…
Que, fortifiés
par ton espérance, ils aient le courage d’aller de l’avant…
+ Seigneur, Pasteur de nos
communautés paroissiales, renouvelle nos cœurs par cette communion…
Que nous
devenions les signes de ton amour…
CONTACTS
M. le Chanoine Patrick Willocq, curéResponsable de l’Unité pastoraleCuré de tous les clochers de l’entité de LeuzeTour Saint-Pierre 157900 Leuze-en-Hainaut069/77.79.030479/62.66.20M. le Diacre Jean-Marie BourgeoisPastorale du Baptême des petits enfants – Pastorale scolaireGrand-Rue 567900 Leuze-en-Hainaut0470/100 340M. le Diacre Michel HubletMise à jour du site internetAvenue de la Croix-Rouge 447900 Leuze-en-HainautRèglement Général sur la Protection des Données – RGPD – 25 05 2018Responsable du traitement des données personnelles : Abbé Patrick Willocq,Curé - Adresse : voir plus hautDélégué à la protection des données :Secrétaire général de la Conférence épiscopale belge -Adresse : asbl Centre interdiocésain, rue Guimard 1, 1040 Bruxelles - Tél. : 02/507 05 93 -Mail : ce.belgica@interdio.beAutorité de contrôle : Rue de la Presse 35, 1000 Bruxelles - Tél. : 02/274 48 00 -Secrétariat décanalTour Saint-Pierre 15 – 7900 Leuze-en-Hainaut069/77.79.03Permanences : mardi et vendredi de 9h30 à 12h00En cas d’absence, s’adresser à M. le Doyen
Nous porterons dans notre prière ...

Baptêmes
+ Le samedi 25 novembre, à 14h30, en l’église de Thieulain : Côme Chais, enfant de Louise Delplanque et Robin Chais
Que ces enfants découvrent combien notre Dieu les aime !
Dans notre Unité pastorale…



Pour les familles… les jeunes... les enfants …
Dans notre Diocèse de Tournai…


Ces santons sont réalisés par un maître
artisan : Fabienne Pardi, santonnière (Atelier d’art Santon Pardi à Saint Cyr
sur Mer).
La magie de Noël passe par les
santons de Provence et le bonheur qu’ils apportent aux petits et aux grands,
dans la pure tradition provençale. Elle n’utilise que de la terre et ses mains
pour créer et donner vie à tous ces petits personnages qui viendront agrémenter
vos crèches de fin d’année. Ils sont modelés avec amour, grattés et lavés. Après
des jours de séchage viendra la cuisson à 980 degrés dans un four à
céramique et pour finir il restera à
les peindre… un à un minutieusement, délicatement ! Au bout de tant d’heures de
travail, ils seront prêts à rejoindre leur nouvelle famille et enchanteront
avec douceur vos soirées de l’avent dans leurs jolis décors au pied du sapin.
Vendus au prix de 15€/pièce, ces santons sont disponibles
dans la boutique en ligne de l’Hospitalité.

Voici le calendrier des rencontres de la maison diocésaine de la prière pour les six premiers mois de l’année 2024 :
Samedi 20 janvier 2024
Samedi 24 février 2024
Samedi 16 mars 2024
Samedi 20 avril 2024
Samedi 18 mai 2024 au soir : vigile de Pentecôte à la
cathédrale.
Samedi 15 juin 2024
Hormis la vigile de Pentecôte, les rencontres se déroulent chez les Pauvres Sœurs à la rue de Bertaimont, 22 à Mons (de 9h30 à 16h).
Pour la bonne organisation, nous vous invitons autant que possible à signaler votre participation (à tout, ou seulement à une partie de la journée) à Jennifer Delhaye, par mail : jennifer.delhaye@evechetournai.be ou par téléphone : 069 452 660 Emportez votre pique-nique (potage sur place) et une Bible.
Dans l’Église de Belgique…


« Ce
qui vraiment domine en moi c’est à la fois l’action de grâce et la confiance », nous confie Mgr Hudsyn.
L’information concernant Mgr Jean-Luc
Hudsyn vient de tomber: la démission de l’évêque auxiliaire de
Malines-Bruxelles, à la tête du Vicariat du Brabant wallon depuis 2011, a été
acceptée par le pape François. Cette étape devrait aussi coïncider avec une réorganisation
de l’Archidiocèse.
C’est le 26 février 2022, il y a donc déjà plus d’un an
et demi, que Mgr Hydsyn a eu 75 ans. C’est à cet âge-là que les évêques
remettent habituellement leur lettre de démission au pape. Dès mars 2022, François
avait cependant demandé à l’évêque auxiliaire de rester en fonction jusqu’à la
désignation d’un nouvel archevêque de Malines-Bruxelles.
« Je ressens beaucoup de joie »
Le 3 septembre dernier, Mgr Luc
Terlinden est devenu archevêque de Malines-Bruxelles. Et ce mercredi, nous
apprenons que Mgr Hudsyn terminera sa mission le 31 décembre. « Ce qui
vraiment domine en moi c’est à la fois l’action de grâce et la confiance »,
nous confie Mgr Hudsyn. « Une vie d’évêque comporte évidemment sa part de
difficultés, d’épreuves, et de conscience de propres manques. Il n’empêche que
je ressens en moi beaucoup de joie et de confiance. Je reprendrais volontiers
ces mots de S. Jean : « J’ai reçu grâce sur grâce » tant au plan spirituel
qu’au plan humain. De la joie et de la gratitude pour celles et ceux avec qui
j’ai pu faire équipe pour porter ce vicariat du Brabant wallon. Des prêtres,
diacres, animateurs pastoraux dont la foi, la quête de Dieu en vérité, la générosité
dans le service m’ont porté, nourri, relancé… De l’action de grâce pour la
fraternité reçue de la diversité de de nos communautés et pour l’encouragement
que représente leur créativité, leurs avancées dans les divers chantiers
pastoraux vécus ensemble.«
« Un évêque émérite reste évêque »
Alors que l’Eglise est confrontée à
de nombreux défis, l’évêque « quasi-émérite » ne perd pas l’espérance. Que du
contraire! « C’est le visage du Pape Jean XXIII qui m’a attiré vers le
service de l’Eglise : terminer ma mission au moment où le Pape François tire
l’Eglise vers plus d’authenticité évangélique, quelle belle inclusion ! D’où ma
confiance : pour ce Dieu toujours bien à l’œuvre dans le vicariat, notre diocèse
et toute l’Eglise. Une Eglise appelée à être plus humble sans doute. C’est
d’ailleurs cela qui me donne de l’espérance ! »
Mgr Hudsyn n’a pas encore d’idées
très claires pour les années à venir. « Mais un évêque émérite reste évêque »,
rappelle-t-il. « Même si c’est dans la discrétion. Je porterai toujours notre Eglise dans la prière,
l’affection, en rendant les services qu’on me demandera. Cela veut dire aussi
qu’avec elle, je continue de garde tout autant le souci de ce monde que ‘Dieu a
tellement aimé' ».
👉 L’archevêché annonce une
eucharistie d’action de grâce célébrée en la Collégiale Sainte-Gertrude à
Nivelles le dimanche 4 février 2024 à 15h30.
Quel avenir pour l’Archidiocèse?
Le communiqué de l’archevêque reste
relativement vague sur la succession de Mgr Hudsyn. « Une nouvelle
configuration se dessine« , annonce Geert De Kerpel, le délégué épiscopal
pour la communication pour l’Archidiocèse. « En tenant compte de la
consultation faite auprès des Conseils du vicariat, un nouveau responsable
pastoral pour le vicariat du Brabant wallon sera bientôt nommé ainsi que son ou
ses proches collaborateurs.«
Merci Jean-Luc !
L’archevêque, Mgr Terlinden,
remercie très chaleureusement l’évêque auxiliaire qui a contribué largement à
donner corps à la direction pastorale au vicariat du Brabant wallon mais aussi
plus largement dans l’archidiocèse. S’ajoutèrent à cela au cours des 12 dernières
années au certain nombre de responsabilités en tant qu’évêque référent au nom
de ses collègues de la Conférence Episcopale.
Monseigneur Luc Terlinden exprime
sa reconnaissance « envers Mgr Jean-Luc Hudsyn pour son grand engagement au
service de notre diocèse pendant plus de cinquante ans. Il a toujours prêté
attention à toute personne qu’il était amené à rencontrer ainsi qu’aux
communautés. Formation, accompagnement et annonce de l’Evangile lui tenaient
fort à cœur. L’archidiocèse, moi-même et en particulier mes prédécesseurs lui
sont très reconnaissants« .
VD /
AFdB / cp Vincent Delcorps



Mgr Koen Vanhoutte, représentant de
l’Eglise belge au Synode des Evêques en octobre 2023, nous livre ses
impressions…
Le récent synode des évêques à Rome
(4-28 octobre 2023) sur la synodalité a été un événement passionnant avec des
rencontres très riches. Les échanges ont abouti à un rapport de synthèse (Une
Église synodale en mission) qui donne un aperçu de tous les thèmes qui ont été
abordés. Il est impossible de résumer ici la richesse de ce rapport de synthèse.
Après des impressions générales sur le synode suivront quelques lignes de force
du rapport.
Pour les pères et mères synodaux le
mois d’octobre à Rome a été fatiguant mais surtout encourageant. Dans le
processus synodal initié en 2021 par le pape François, j’ai vécu le Synode des évêques
comme une étape décisive dans le renouveau de notre Église. Dans un grand
respect mutuel, nous avons connu des moments forts d’écoute et d’échange entre
frères et sœurs dans le Christ. Nous avons parlé avec une grande ouverture
d’esprit, sans tabous, de tous les thèmes formulés dans l’Instrumentum
Laboris: communion, participation et mission. A la fin de cette première
session du Synode il n’y a pas de conclusions telles que les médias les
attendaient. Pourtant, je ne suis pas déçu mais content car j’ai pu constater
qu’il y a quelque chose qui bouge dans notre Église. Elle est une Église en
conversion. Elle reconnaît que le cléricalisme a été à la base de toutes sortes
d’abus. Elle se veut désormais une Église plus synodale.
Égale dignité de tous les baptisés
Quelles sont les grandes caractéristiques
de cette Église synodale qui se démarquent dans le rapport de synthèse ? Premièrement,
il s’agit d’une Église qui reconnaît l’égale dignité de tous les baptisés,
membres du saint peuple de Dieu. En même temps le Synode a beaucoup insisté sur
la coresponsabilité de tous les baptisés dans la mission de l’Église.
Dans cette perspective, le Synode
ne se limite pas à stimuler l’engagement des chrétiens dans le monde (famille,
profession, culture, économie, politique, etc.). L’assemblée synodale a
fortement reconnu la contribution de tous les baptisés – dans la diversité de
leur charisme et de leurs ministères institués ou de fait – à la vie et à la
mission de l’Église. La place des femmes dans l’Église et dans les
responsabilités pastorales n’est plus traitée comme une question ou un problème.
Cette place a été largement reconnue comme une réalité croissante. L’assemblée
synodale a demandé de conclure avant la deuxième session en octobre 2024 les études
sur la possibilité du ministère ordonné du diaconat pour les femmes, tout en
demandant une clarification de la théologie du diaconat permanent en général.
Un autre mode d’exercice de l’autorité
En deuxième lieu, une Église
synodale ne considère pas les ministres ordonnés (évêques, prêtres, diacres)
comme une catégorie à part ou un état avec ses privilèges, élevés au-dessus des
baptisés non-ordonnés. Les ministres ordonnés ne sont pas des chrétiens plus élevés
ou meilleurs en raison de leur ordination. En tant que baptisés, ils
accomplissent un service spécifique dans et pour la communauté chrétienne. Leur
responsabilité n’autorise jamais de traiter les autres chrétiens de façon
autoritaire ou irrespectueuse. Le Synode et le pape François, dans une
intervention très remarquée, veulent mettre définitivement fin au cléricalisme.
Bien définir à l’avenir la spécificité du ministère ordonné reste un sérieux défi.
Le rapport entre le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel
doit être davantage précisé dans un langage compréhensible. Une Église plus
synodale fait le choix d’un autre mode d’exercice de l’autorité par tout qui
porte une responsabilité dans l’Église. Davantage de concertation, de prière et
de discernement en commun sont nécessaires à tous les niveaux de l’Eglise. Les
responsables doivent agir de façon plus transparente et être toujours prêts à
rendre compte de leurs décisions.
Une Église inclusive
Troisièmement, une Église synodale
veut devenir une Église inclusive où tous sont les bienvenus. Le ‘todos’ des
JMJ à Lisbonne sonnait comme ‘tutti’ à Rome. Comment réaliser une telle
attitude accueillante vis-à-vis des personnes qui n’arrivent pas à vivre à la
hauteur de l’idéal de l’Évangile et qui se sentent parfois méconnues, même
condamnées par l’Église ? S’inspirant de l’exemple de Jésus (qui n’a condamné
aucun pécheur sans pour autant approuver le péché) l’assemblée synodale s’est
clairement prononcée en faveur d’une pastorale telle que le pape François l’a
présentée dans Amoris Laetitia : une pastorale qui écoute, accompagne,
discerne et cherche à intégrer les personnes dans la vie ecclésiale. Quant à la
tension entre une telle pastorale et la doctrine de l’Église, l’assemblée
synodale a demandé que soit installé au niveau de l’Église universelle un
groupe d’étude qui met en dialogue la théologie, la philosophie et les sciences
humaines sur les questions d’anthropologie chrétienne. On espère en voir les
premiers résultats avant la deuxième session en octobre 2024.
Enfin, il est clair dans le rapport
de synthèse qu’une Église synodale ne peut être une Église auto-référentielle.
Nous n’avions pas l’impression au cours du mois d’octobre dernier de nous
occuper d’une série de questions intra-ecclésiales. Une Église qui veut grandir
en synodalité le fait en ayant devant les yeux un meilleur accomplissement de
sa mission : être témoin de l’amour de Dieu dans le monde. C’est pourquoi le
titre du rapport final est double : une Église synodale, en mission. En annonçant
l’Évangile dans le monde, une Église synodale compatira fortement avec
l’humanité en route vers le Royaume de Dieu. Une telle Église sera aussi à l’écoute
du monde, convaincue que l’Esprit Saint y est aussi à l’œuvre.
Au cours de cette première session
du Synode sur la synodalité, la grande majorité des participants ont suivi le
pape François dans les nouveaux accents qu’il a imprimé ces dix dernières années.
J’espère qu’il y aura une forte suite pour octobre 2024. Nous prions pour que
le pape François puisse accompagner tout le processus synodal et que nous
puissions nous réjouir des fruits grandissants de ce grand événement. Nous ne
devons pas attendre les résultats d’octobre 2024 sans rien faire. Nous pouvons
déjà nous entrainer davantage à la synodalité dans nos rencontres et réunions
ecclésiales. Dans une concertation respectueuse et un discernement commun nous
pouvons grandir dans une responsabilité portée ensemble. Cela vaut certainement
la peine de se réunir et d’échanger sur ce qui signifie pour nous tous être
baptisés. Nous ne sommes d’ailleurs pas simplement en chemin ensemble, nous
suivons ensemble le Chemin qu’est le Christ pour nous.
+Koen Vanhoutte Représentant de l’Église
belge au Synode des évêques (octobre
2023)
