Une Parole … Une Prière
TEMPS ORDINAIRE –31ÈME SEMAINE SOLENNITÉ DE TOUS LES SAINTS
…HEUREUX…

« En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »
Évangile de Jésus Christ selon Saint Matthieu 5, 1-12a
Illustration : Barent Fabritius (1624–1673), Le Pharisien et le Publicain, 1661, 293x95 cm, huile sur toile, Rijksmuseum, AmsterdamBarent
Fabritius (1624–1673), Le Pharisien et le Publicain, 1661, 293x95 cm, huile sur toile, Rijksmuseum, Amsterdam

Méditation du Pape Léon XIV
JUBILÉ DES ÉQUIPES SYNODALES ET DES ORGANES DE PARTICIPATION
Frères et sœurs, en célébrant le Jubilé des équipes synodales et des organes de participation, nous sommes invités à contempler et à redécouvrir le mystère de l'Église, qui n'est pas une simple institution religieuse et ne s'identifie pas aux hiérarchies et à ses structures. L'Église, au contraire, comme nous l'a rappelé le Concile Vatican II, est le signe visible de l'union entre Dieu et l'humanité, de son projet de nous rassembler tous en une seule famille de frères et sœurs et de faire de nous son peuple : un peuple d'enfants aimés, tous liés dans l'étreinte unique de son amour.
MESSE
HOMÉLIE DU PAPE LÉON XIV
Basilique Saint-Pierre
XXXe dimanche du Temps ordinaire, 26 octobre 2025
Frères et sœurs, en célébrant le Jubilé des équipes synodales et des organes de participation, nous sommes invités à contempler et à redécouvrir le mystère de l'Église, qui n'est pas une simple institution religieuse et ne s'identifie pas aux hiérarchies et à ses structures. L'Église, au contraire, comme nous l'a rappelé le Concile Vatican II, est le signe visible de l'union entre Dieu et l'humanité, de son projet de nous rassembler tous en une seule famille de frères et sœurs et de faire de nous son peuple : un peuple d'enfants aimés, tous liés dans l'étreinte unique de son amour. En regardant le mystère de la communion ecclésiale, générée et gardée par le Saint-Esprit, nous pouvons également comprendre la signification des équipes synodales et des organes de participation ; ils expriment ce qui se passe dans l'Église, où les relations ne répondent pas à la logique du pouvoir mais à celle de l'amour. Les premières – pour rappeler un avertissement constant du Pape François – sont des logiques “mondaines”, tandis que dans la Communauté chrétienne, la primauté revient à la vie spirituelle, qui nous fait découvrir que nous sommes tous enfants de Dieu, frères entre nous, appelés à nous servir les uns les autres.
La règle suprême dans l'Église est l'amour : personne n'est appelé à commander, tous sont appelés à servir ; personne ne doit imposer ses idées, nous devons tous nous écouter mutuellement ; personne n'est exclu, nous sommes tous appelés à participer ; personne ne détient toute la vérité, nous devons tous la rechercher humblement, et la rechercher ensemble.
Le mot “ensemble” exprime précisément l'appel à la communion dans l'Église. Le Pape François nous l'a rappelé dans son dernier Message pour le Carême : « Marcher ensemble, être synodal, telle est la vocation de l’Église. Les chrétiens sont appelés à faire route ensemble, jamais comme des voyageurs solitaires. L’Esprit Saint nous pousse à sortir de nous-mêmes pour aller vers Dieu et vers nos frères et sœurs, et à ne jamais nous refermer sur nous-mêmes. Marcher ensemble c’est être des tisseurs d’unité à partir de notre commune dignité d’enfants de Dieu » (François, Message pour le Carême, 25 février 2025).
Marcher ensemble. C'est apparemment ce que font les deux personnages de la parabole que nous venons d'entendre dans l'Évangile. Le pharisien et le publicain montent tous deux au Temple pour prier, on pourrait dire qu'ils “montent ensemble” ou en tout cas qu'ils se retrouvent ensemble dans le lieu sacré ; pourtant, ils sont séparés et il n'y a aucune communication entre eux. Ils font tous deux le même chemin, mais ils ne marchent pas ensemble ; ils se retrouvent tous deux dans le Temple, mais l'un prend la première place et l'autre reste à la dernière ; ils prient tous les deux le Père, mais sans être frères et sans rien partager.
Cela dépend surtout de l'attitude du pharisien. Sa prière, en apparence adressée à Dieu, n'est qu'un miroir dans lequel il se regarde, se justifie, se loue lui-même. Il « était monté pour prier, mais il ne voulait pas prier Dieu, il voulait se louer lui-même » (Augustin, Discours 115,2), se sentant meilleur que l'autre, le jugeant avec mépris et le regardant de haut. Il est obsédé par son propre moi et, de cette manière, il finit par tourner sur lui-même sans avoir de relations ni avec Dieu ni avec les autres.
Frères et sœurs, cela peut aussi arriver dans la communauté chrétienne. Cela arrive lorsque le moi prime sur le nous, générant des individualismes qui empêchent les relations authentiques et fraternelles ; lorsque la prétention à être meilleur que les autres, comme le fait le pharisien avec le publicain, crée des divisions et transforme la communauté en un lieu de jugement et d'exclusion ; lorsque l'on utilise son propre rôle pour exercer un pouvoir et occuper des espaces.
C'est au publicain, au contraire, que nous devons nous référer. Avec son humilité, nous devons dans l'Église, reconnaître que nous avons besoin de Dieu et les uns des autres, en nous exerçant à l'amour mutuel, dans l'écoute réciproque, dans la joie de marcher ensemble, sachant que « le Christ appartient à ceux qui se sentent humbles, et non pas à ceux qui s'élèvent au-dessus du troupeau » (Saint Clément de Rome, Lettre aux Corinthiens, c. XVI).
Les équipes synodales et les organes de participation sont une image de cette Église qui vit dans la communion. Et aujourd'hui, je voudrais vous exhorter à l'écoute de l'Esprit, dans le dialogue, dans la fraternité et dans la parrhésie ; aidez-nous à comprendre que, dans l'Église, avant toute différence, nous sommes appelés à marcher ensemble à la recherche de Dieu pour nous revêtir des sentiments du Christ ; aidez-nous à élargir l'espace ecclésial afin qu'il devienne collégial et accueillant.
Cela nous aidera à vivre avec confiance et dans un esprit nouveau les tensions qui traversent la vie de l'Église – entre unité et diversité, tradition et nouveauté, autorité et participation –, en laissant l'Esprit les transformer afin qu'elles ne deviennent pas des oppositions idéologiques ni des polarisations nuisibles. Il ne s'agit pas de les résoudre en les réduisant, mais de les féconder par l'Esprit, afin qu'elles soient harmonisées et orientées vers un discernement commun. En tant qu'équipes synodales et membres d'organes de participation, vous savez en effet que le discernement ecclésial exige « la liberté intérieure, l'humilité, la prière, la confiance réciproque, l'ouverture à la nouveauté et l'abandon à la volonté de Dieu. Il ne s'agit jamais d'affirmer un point de vue personnel ou de groupe, ni de la simple somme des opinions individuelles » (Document final, 26 octobre 2024, n° 82). Être une Église synodale c'est reconnaître que la vérité ne se possède pas mais qu’elle se recherche ensemble, en se laissant guider par un cœur inquiet et amoureux de l'Amour.
Chers amis, nous devons rêver et construire une Église humble. Une Église qui ne se tient pas droite comme le pharisien, triomphante et gonflée d'orgueil, mais qui s'abaisse pour laver les pieds de l'humanité ; une Église qui ne juge pas comme fait le pharisien avec le publicain, mais qui se fait lieu d'accueil pour tous et pour chacun ; une Église qui ne se referme pas sur elle-même, mais qui reste à l'écoute de Dieu pour pouvoir écouter tout le monde. Engageons-nous à construire une Église toute synodale, toute ministérielle, toute attirée par le Christ et donc tendue vers le service du monde.
Sur vous, sur nous tous, sur l'Église répandue dans le monde, j'invoque l'intercession de la Vierge Marie avec les paroles du Serviteur de Dieu Don Tonino Bello : « Sainte Marie, femme conviviale, nourris dans nos Églises l’élan de communion. [...] Aide-les à surmonter les divisions internes. Interviens lorsque le démon de la discorde rampe en leur sein. Éteins les foyers des factions. Réconcilie les querelles réciproques. Apaises les rivalités. Arrête-les quand elles décident de se mettre à leur compte, oubliant la convergence sur des projets communs » (Maria, femme des jours de nos jours, Cinisello Balsamo 1993, 99).
Que le Seigneur nous accorde cette grâce : Être enracinés dans l'amour de Dieu pour vivre en communion les uns avec les autres. Être, en tant qu'Église, des témoins d'unité et d'amour.

1. Préambule
1.1.
Dessiner de nouvelles cartes d’espérance. Le 28 octobre 2025 marque le 60e
anniversaire de la Déclaration
conciliaire Gravissimum Educationis sur l’extrème importance et l’actualité
de l’éducation dans la vie de la personne humaine. Par ce texte, le Concile
Vatican II a rappelé à l’Église que l’éducation n’est pas une activité
accessoire, mais qu’elle constitue le tissu même de l’évangélisation : c’est la
manière concrète par laquelle l’Évangile devient un geste éducatif, une
relation et une culture. Aujourd’hui, face à des changements rapides et à des
incertitudes déstabilisantes, cet héritage fait preuve d’une résilience
surprenante. Là où les communautés éducatives se laissent guider par la parole
du Christ, elles ne reculent pas, mais se relancent ; elles n’érigent pas de
murs, mais construisent des ponts. Elles réagissent avec créativité, ouvrant de
nouvelles possibilités de transmission de savoir et de sens dans les écoles,
les universités, la formation professionnelle et civile, la pastorale scolaire
et celle des jeunes, et la recherche, car l’Évangile ne vieillit pas, mais fait
« toutes choses nouvelles » (Ap 21,5). Chaque génération l’entend comme un
message nouveau et régénérateur. Chaque génération est responsable de
l’Évangile et de la découverte de sa puissance fondatrice et
multiplicatrice.
1.2. Nous vivons dans un environnement éducatif complexe,
fragmenté et numérisé. C’est précisément pour cette raison qu’il est judicieux
de s’arrêter et de recentrer notre regard sur la « cosmologie de la paideia
chrétienne » : une vision qui, au fil des siècles, a su se renouveler et
inspirer positivement toutes les facettes multiples de l’éducation. Dès les
origines, l’Évangile a engendré des « constellations éducatives » : des
expériences à la fois humbles et fortes, capables d’interpréter les temps, de préserver
l’unité entre foi et raison, entre pensée et vie, entre connaissance et
justice. Dans les tempêtes, elles ont été une ancre de salut ; et dans le
calme, une voile déployée. Un phare dans la nuit pour guider la navigation.
1.3.
La Déclaration Gravissimum Educationis n’a rien perdu de sa force. De sa réception
est né un ensemble d’œuvres et de charismes qui indique encore aujourd’hui le
chemin : écoles et universités, mouvements et instituts, associations de laïcs,
congrégations religieuses et réseaux nationaux et internationaux. Ensemble, ces
organismes vivants ont consolidé un héritage spirituel et pédagogique capable
de traverser le XXIe siècle et de répondre aux défis les plus urgents. Cet
héritage n’est pas figé : c’est une boussole qui continue d’indiquer la
direction et de témoigner de la beauté du chemin. Les attentes d’aujourd’hui ne
sont pas moindres que celles auxquelles l’Église était confrontée il y a
soixante ans. Elles se sont même élargies et complexifiées. Face aux millions
d’enfants dans le monde qui n’ont toujours pas accès à l’école primaire,
comment ne pas agir ? Face aux situations dramatiques d’urgence éducative
causées par les guerres, les migrations, les inégalités et les diverses formes
de pauvreté, comment ne pas ressentir l’urgence de renouveler notre engagement
? L’éducation – comme je l’ai rappelé dans mon exhortation apostolique Dilexi te – « est l’une des plus hautes
expressions de la charité chrétienne » [1] . Le monde a besoin de cette forme
d’espérance.
2. Une histoire dynamique
2.1. L’histoire de l’éducation catholique est l’histoire de
l’Esprit à l’œuvre. L’Église est « mère et maîtresse » [2] non par suprématie,
mais par service : elle engendre à la foi et accompagne la croissance dans la
liberté, assumant la mission du divin Maître afin que tous « aient la vie et
l’aient en abondance » (Jn 10, 10). Les styles éducatifs qui se sont succédé
témoignent d’une vision de l’homme à l’image de Dieu, appelé à la vérité et au
bien, et d’un pluralisme de méthodes au service de cette vocation. Les
charismes éducatifs ne sont pas des formules figées : ils sont des réponses
originales aux besoins de chaque époque.
2.2. Aux premiers siècles, les Pères du désert enseignaient la
sagesse par des paraboles et des apophtegmes ; ils redécouvraient la voie de
l’essentiel, de la discipline de la langue et de la garde du cœur ; ils
transmettaient une pédagogie du regard qui reconnaît Dieu partout. Saint
Augustin, greffant la sagesse biblique sur la tradition grécoromaine, a compris
que le maître authentique suscite le désir de vérité, éduque à la liberté de
lire les signes et d’écouter la voix intérieure. Le monachisme a perpétué cette
tradition dans les lieux les plus inaccessibles, où, pendant des décennies, les
œuvres classiques ont été étudiées, commentées et enseignées, à tel point que,
sans ce travail silencieux au service de la culture, tant de chefs-d’œuvre ne
seraient pas parvenus jusqu’à nous. « Du cœur de l’Église », naquirent alors
les premières universités, qui se révélèrent dès leurs origines « un centre
incomparable de créativité et de rayonnement du savoir pour le bien de
l’humanité » [3] . Dans leurs salles de classe, la pensée spéculative a trouvé,
grâce à la médiation des Ordres Mendiants, la possibilité de se structurer
solidement et de repousser les limites de la science. De nombreuses
congrégations religieuses ont fait leurs premiers pas dans ces domaines du
savoir, enrichissant l’éducation d’une manière pédagogique innovante et
socialement visionnaire.
2.3. Elle s’est exprimée de multiples façons. Dans la Ratio Studiorum, la richesse de la
tradition scolastique fusionne avec la spiritualité ignatienne, adaptant un
programme d’études aussi complexe qu’interdisciplinaire et ouvert à
l’expérimentation. À Rome, au XVIIe siècle, saint Joseph de Calasanz a ouvert
des écoles gratuites pour les pauvres, conscient que savoir lire et compter est
une dignité avant même la compétence. En France, saint Jean-Baptiste de La
Salle , « conscient de l’injustice causée par l’exclusion des enfants
d’ouvriers et de paysans du système éducatif » [4], fonda les Frères des Écoles
chrétiennes. Au début du XIXe siècle, toujours en France, saint Marcellin
Champagnat se consacra « de tout son cœur, à une époque où l’accès à l’éducation
restait le privilège de quelques-uns, à la mission d’éduquer et d’évangéliser
les enfants et les jeunes » [5] . De même, saint Jean Bosco , avec sa « méthode
préventive », a transformé la discipline en raison et en proximité. Des femmes
courageuses, comme Vicenza Maria López y Vicuña , Francesca Cabrini ,
Giuseppina Bakhita , Maria Montessori, Katharine Drexel ou Elizabeth Ann Seton,
ont ouvert des perspectives aux filles, aux migrantes, aux plus démunies. Je
réitère ce que j’ai clairement affirmé dans Dilexi te : « L’éducation des
pauvres, pour la foi chrétienne, n’est pas une faveur, mais un devoir » [6] .
Cette généalogie du concret témoigne que, dans l’Église, la pédagogie n’est
jamais une théorie désincarnée, mais chair, passion et histoire.
3. Une tradition vivante
3.1. L’éducation chrétienne est un travail commun : personne
n’éduque seul. La communauté éducative est un « nous » où l’enseignant,
l’élève, la famille, le personnel administratif et de service, les pasteurs et
la société civile convergent pour engendrer la vie [7] . Ce « nous » empêche
l’eau de stagner dans le marécage du « on a toujours fait ainsi » et force
cette eau à couler, à nourrir, à irriguer. Le fondement reste le même : la
personne, image de Dieu ( Gn 1, 26),
capable de vérité et de relation. La question du rapport entre foi et raison
n’est donc pas un chapitre facultatif : « la vérité religieuse n’est pas
seulement une partie, mais une condition de la connaissance générale » [8] .
Ces paroles de saint John Henry Newman – que, dans le contexte de ce Jubilé du
Monde Educatif, j’ai la grande joie de déclarer co-patron de la mission
éducative de l’Église avec saint Thomas d’Aquin – sont une invitation à
renouveler notre engagement en faveur d’une connaissance aussi responsable et
rigoureuse du point de vue intellectuel, que profondément humaine. Nous devons
également veiller à ne pas tomber dans l’illusion d’une fides qui correspond
exclusivement avec la ratio. Nous devons dépasser les obstacles en retrouvant
une vision empathique, ouverte à une compréhension toujours plus profonde de la
façon dont l’homme se perçoit lui-même aujourd’hui, afin de développer et
d’approfondir notre enseignement. Par conséquent, le désir et le cœur ne
doivent pas être séparés de la connaissance : cela reviendrait à briser la
personne. Les universités et les écoles catholiques sont des lieux où les
questions ne sont pas tues, et où le doute n’est pas banni, mais accompagné. Le
cœur, là, dialogue avec le cœur, et la méthode est celle de l’écoute, qui
reconnaît l’autre comme un bien, et non comme une menace. « Cor ad cor loquitur
» était la devise cardinalice de saint John Henry Newman, tirée d’une lettre de
saint François de Sales : « C’est la sincérité du cœur, et non l’abondance des
paroles, qui touche le cœur des hommes. »
3.2. Éduquer est un acte d’espérance et une passion qui se
renouvelle car elle manifeste la promesse que nous entrevoyons dans l’avenir de
l’humanité [9] . La spécificité, la profondeur et l’ampleur de l’action
éducative résident dans ce travail – aussi mystérieux que réel – de « faire
fleurir l’être […] c’est prendre soin de l’âme », comme nous le lisons dans
l’Apologie de Socrate de Platon (30a-b). C’est un « métier de promesses » :
temps, confiance, compétence sont promis ; justice et miséricorde sont promises,
le courage de la vérité et le baume de la consolation sont promis. Éduquer est
un devoir d’amour qui se transmet de génération en génération, réparant le
tissu déchiré des relations et redonnant aux mots le poids de la promesse : «
Tout homme est capable de vérité, mais le chemin est très supportable lorsqu’on
avance avec l’aide des autres » [10] . La vérité se cherche en communauté.
4. La boussole de Gravissimum educationis
4.1. La déclaration conciliaire Gravissimum educationis
réaffirme le droit de chacun à l’éducation et identifie la famille comme la
première école d’humanité. La communauté ecclésiale est appelée à soutenir des
environnements qui intègrent foi et culture, respectent la dignité de chacun et
dialoguent avec la société. Le document met en garde contre toute réduction de
l’éducation à une formation fonctionnelle ou à un outil économique : une
personne n’est pas un « profil de compétences », ni réduite à un algorithme
prévisible, mais un visage, une histoire, une vocation.
4.2.
La formation chrétienne embrasse la personne dans sa globalité : spirituelle,
intellectuelle, affective, sociale, corporelle. Elle n’oppose pas le manuel et
le théorique, la science et l’humanisme, la technique et la conscience ; elle
exige au contraire que le professionnalisme soit habité par une éthique, et que
l’éthique ne soit pas un mot abstrait mais une pratique quotidienne.
L’éducation ne mesure pas sa valeur uniquement à l’aune de l’efficacité : elle
la mesure à l’aune de la dignité, de la justice, de la capacité de servir le
bien commun. Cette vision anthropologique intégrale doit demeurer la pierre
angulaire de la pédagogie catholique. Elle s’inscrit dans le sillage de la
pensée de saint John Henry Newman et s’oppose à une approche purement mercantile
qui, aujourd’hui, impose souvent de mesurer l’éducation en termes de
fonctionnalité et d’utilité pratique [11] .
4.3. Ces principes ne sont pas des souvenirs du passé. Ce sont
des étoiles fixes. Ils affirment que la vérité se cherche ensemble ; que la
liberté n’est pas un caprice, mais une réponse ; que l’autorité n’est pas une
domination, mais un service. Dans le contexte éducatif, il ne faut pas « hisser
le drapeau de la possession de la vérité, ni dans l’analyse des problèmes, ni
dans leur résolution » [12] . Au contraire, « il est plus important de savoir
comment les aborder, plutôt que de donner une réponse hâtive sur le pourquoi
d’un événement ou sur la manière de le surmonter. L’objectif est d’apprendre à
affronter les problèmes, toujours différents, car chaque génération est
nouvelle, avec de nouveaux défis, de nouveaux rêves, de nouvelles questions »
[13] . L’éducation catholique a la tâche de reconstruire la confiance dans un
monde marqué par les conflits et les peurs, en nous rappelant que nous sommes
des enfants et non des orphelins : de cette conscience naît la fraternité.
(A
suivre)
Pape Léon XIV
(Traduction
réalisée par Zénit)
[1] LÉON
XIV, Exhortation apostolique Dilexi te
(4 octobre 2025), n. 68.
[2] Cf.
JEAN XXIII, Lettre encyclique Mater et
Magistra (15 mai 1961).
[3] JEAN-PAUL
II, Constitution apostolique Ex corde
Ecclesiae (15 août 1990), n. 1.
[4] LÉON
XIV, Exhortation apostolique Dilexi te
(4 octobre 2025), n. 69.
[5] LÉON
XIV, Exhortation apostolique Dilexi te
(4 octobre 2025), n. 70.
[6] LÉON
XIV, Exhortation apostolique Dilexi te
(4 octobre 2025), n. 72.
[7] CONGRÉGATION
POUR L’ÉDUCATION CATHOLIQUE, Instruction
« L’identité de l’école catholique pour une culture du dialogue » (25
janvier 2022), n. 32.
[8] JOHN
HENRY NEWMAN, L’idée d’université
(2005), p. 76.
[9] Cf.
CONGRÉGATION POUR L’ÉDUCATION CATHOLIQUE, Instrumentum
laboris Éduquer aujourd’hui et demain. Une passion qui se renouvelle. (7
avril 2014), Introduction.
[10] S.
Exc. Mgr. ROBERT F. PREVOST, OSA, Homélie
à l’Université Catholique de Santo Toribio de Mogrovejo (2018).
[11] Voir
JOHN HENRY NEWMAN, Écrits sur
l’université (2001).
[12] LÉON
XIV, Audience avec les membres de la
Fondation Centesimus Annus Pro Pontifice (17 mai 2025).

[13] Ibid
.
Parole Mgr Guy Harpigny…

C’est avec une grande joie que nous accueillons Mgr Frédéric Rossignol, prêtre de la Congrégation du Saint-Esprit, comme évêque de Tournai. Il est membre d’un institut de vie consacrée engagé dans la mission universelle de l’Église. Mgr Rossignol a exercé le ministère au Vietnam. La Congrégation du Saint-Esprit a été choisie pour animer le Collège missionnaire pontifical international Saint Paul Apôtre à Rome, où près de deux cents prêtres sont formés à la mission universelle de l’Église. Mgr Rossignol en est le directeur spirituel.
Le diocèse accueille un évêque missionnaire soucieux de la vie spirituelle. Il aura un regard « neuf » sur le témoignage de l’Évangile aussi bien dans la province de Hainaut qu’en Belgique tout entière. Comme tout évêque de Tournai, il s’inscrit dans une longue tradition. Tous, nous allons l’informer sur cette tradition. Comme tout évêque, il sera signe et acteur de la communion avec l’Église universelle. Nous serons attentifs à ce qu’il nous proposera dans ce sens.
Nous rendons grâce au Seigneur pour le don qu’il nous fait.
Une des premières paroles de Mgr Rossignol, lorsque je l’ai eu au téléphone, a été : « Priez pour moi ». Même parole que celle du pape François quand il s’est montré au balcon de la basilique Saint-Pierre après son élection. Je suis certain que, tous, nous allons prier pour notre nouvel évêque et que nous prierons souvent avec lui pour le diocèse de Tournai, pour le monde entier.
L’ordination épiscopale aura lieu à la Cathédrale de Tournai le dimanche 14 décembre 2025 à 15h.
Rendons grâce au Seigneur, car il est bon. Éternel est son amour. La Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres !
+ Guy Harpigny,
Administrateur apostolique de Tournai


Parole de Mgr Frédéric Rossignol

En arrivant le 6 octobre à Tournai, pour la première fois dans mon diocèse, pour participer à la conférence de presse, je vois toutes sortes de visages souriants et je comprends et j’entends que
l’on me dit que l’attente fut longue ! Deux ans… Notre cher évêque Monseigneur Harpigny a dû être patient tant de fois durant sa vie d’évêque, mais voilà, il lui a fallu (et vous aussi !) encore et toujours attendre… jusqu’au jour où… la nouvelle est tombée ! Enfin, nous allons découvrir notre nouvel évêque !
Alors que nous entrerons bientôt dans le temps de l’Avent, il est bon de réfléchir à ce thème de l’attente. Parce que la Parole de Dieu doit toujours précéder et nourrir la parole de l’Évêque, permettez-moi de partir des évangiles des dimanches à venir pour comprendre comment et pourquoi nous devons être toujours en attente.
L’évangile du premier dimanche de l’Avent nous dit : « Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » En résumé, l’Evangile nous dit et cela semble simple : « Soyez dans l’Attente ». En vérité, souvent dans nos vies, nous pouvons être tentés de ne plus attendre. Nous nous laissons parfois désabuser, parce que de toute façon rien ne changera jamais, ni nous ni personne d’autre. Ou alors nous préférons nous en tenir à nos petites habitudes routinières, si l’ordinaire n’est pas extraordinaire, nous nous en contenterons, tant pis… La première conversion, et celle que j’attends de vous comme évêque, c’est d’avoir des attentes, des envies, des projets… Lâchons-nous, rêvons à cette Eglise dynamique, belle, pertinente pour le monde d’uajourd’hui et soyons prêts, parce que le Seigneur prépare l’inattendu !
(A suivre)
Votre frère et pasteur,
+ Frédéric Rossignol
(Source : Eglise de Tournai 2025/11, p. 5-6)

Un mot du Curé…

EN CES JOURS DE TOUSSAINT
LA VOIX DU POÈTE
Beaucoup d’écrivains ont chanté la mort… Elle est devenue un thème récurrent de la Littérature et ce, de tous les siècles. Peut-être parce qu’elle est un mystère universel auquel tout être est confronté un jour ou l’autre de sa vie et qu’elle apparaît ainsi comme une expérience humaine fondamentale en posant de la façon la plus ultime, la question du sens de la vie. Parmi toutes les formes littéraires, la Poésie permet peut-être davantage de mettre des mots sur les émotions les plus complexes qu’elle vient comme apprivoiser. La Poésie permet ainsi aux Humains de dépasser les frontières de ce mystère insondable qu’elle la mort, en nous faisant (re)découvrir la préciosité de chaque instant de vie, nous invitant à chérir l’existence et à en prendre soin. Si elle est écrite par un homme, une femme habitée par la Foi chrétienne, la Poésie vient même nous prendre par la main pour nous
conduire sur les chemins de la transcendance qui viennent poursuivre ceux de notre immanence. Ainsi donc, non pas une autre vie, mais une vie qui continue son chemin « autrement », avec le Tout-Autre…
conduire sur les chemins de la transcendance qui viennent poursuivre ceux de notre immanence. Ainsi donc, non pas une autre vie, mais une vie qui continue son chemin « autrement », avec le Tout-Autre…Miroir de nos interrogations humaines, la Poésie ne nous laisse donc pas face à nous-mêmes, mais elle peut se faire prophète pour conduire notre regard vers un Dieu d’amour et de miséricorde infinie…
+
En vous souhaitant une heureuse fête de la Vie (la Toussaint) qui vient illuminer le souvenir de nos Défunts (le 2 novembre), je vous offre un… poème : il est extrait d’un recueil, Les Contemplations, signé d’un maître, Victor Hugo (1802-1885).
Les Contemplations, recueil de poèmes publié en 1856, contient 158 poèmes répartis en 6 livres répartis eux-mêmes en 2 parties, chacune couvrant treize années, 1830-1843 pour les 3 premiers livres, Autrefois, où le poète rappelle sa jeunesse, ses enfants, ses combats littéraires et dénonce les maux qui frappent la société ; 1843-1856 pour les 3 derniers livres, Aujourd'hui, où il évoque l'épreuve de la mort de Léopoldine, l'exil, l'espoir et l'angoisse qui l'étreignent tout à tour.
Cette œuvre de grand lyrisme est donc notamment une œ uvre de deuil. Le poète se souvient de sa fille Léopoldine, noyée dans la Seine avec son époux le 4 septembre 1843, une mort accidentelle que Victor Hugo apprendra par la presse 5 jours plus tard. Dans cette œuvre, le poète ne cesse d’interroger Dieu sur le sens de la mort de Léopoldine ; sa foi est ébranlée mais, finalement, prend le dessus malgré, ou plutôt grâce à ses interrogations, ses doutes…
A chacun/e d’entre vous, belle méditation de Toussaint dans la communion de vos chers Défunts et dans l’espérance de notre Foi…
Chanoine Patrick Willocq


Intentions de prière pour la semaine

+ Pour tous les chrétiens qui entendent
aujourd’hui l’évangile des Béatitudes… Que cette Parole de Jésus soit une Bonne
Nouvelle pour tous, prions le Seigneur…
+ Pour tous ceux qui gouvernent les peuples,
Qu’ils
soient d’authentiques artisans de paix, de justice et les ardents défenseurs
des droits de tout homme, prions le Seigneur…
+
Pour ceux qui se découragent face aux injustices et aux violences… Que l’Esprit
les réconforte et les renouvelle dans leurs combats, prions le Seigneur…
+ Pour ceux qui sont opprimés, bafoués dans leur dignité,
persécutés à cause de leur foi… prions le Seigneur…
CONTACTS
M. le Chanoine Patrick Willocq, curéResponsable de l’Unité pastoraleCuré de tous les clochers de l’entité de LeuzeTour Saint-Pierre 157900 Leuze-en-Hainaut069/77.79.030479/62.66.20M. le Diacre Jean-Marie BourgeoisPastorale du Baptême des petits enfants – Pastorale scolaireGrand-Rue 567900 Leuze-en-Hainaut0470/100 340M. le Diacre Michel HubletMise à jour du site internetAvenue de la Croix-Rouge 447900 Leuze-en-HainautRèglement Général sur la Protection des Données – RGPD – 25 05 2018Responsable du traitement des données personnelles : Abbé Patrick Willocq,Curé - Adresse : voir plus hautDélégué à la protection des données :Secrétaire général de la Conférence épiscopale belge -Adresse : asbl Centre interdiocésain, rue Guimard 1, 1040 Bruxelles - Tél. : 02/507 05 93 -Mail : ce.belgica@interdio.beAutorité de contrôle : Rue de la Presse 35, 1000 Bruxelles - Tél. : 02/274 48 00 -Secrétariat décanalTour Saint-Pierre 15 – 7900 Leuze-en-Hainaut069/77.79.03Permanences : mardi et vendredi de 9h30 à 12h00En cas d’absence, s’adresser à M. le Doyen
Nous porterons dans notre prière ...
Baptêmes
- Le samedi 08 novembre, à 14h30, en l’église de Leuze, Elyne Berte, enfant de Priscilla Lauwaert et Frédéric Berte ; Lou Debaisieux, enfant de Annah Degros et Steven Debaisieux.
- Le samedi 22 novembre, à 14h30, en l’église de Leuze, Charly Delcourt-Chavalle, enfant de Delphine Chavalle et Gilles Delcourt.
- Le samedi 29 novembre, à 14h30, en l’église de Willaupuis, Maëlle Delpierre, enfant de Fanny Detemmerman et Romain Delpierre
- Le dimanche 26 octobre, à 14h30, en l’église de Leuze, Mila Fievez, enfant de Camille Delestrait et Rémy Fiévez
Que ces enfants découvrent combien notre Dieu les aime comme ses propres enfants.
Mariages
- Le samedi 15 novembre, à 14h00, en l’église de Pipaix : Virginie Joppart et Maxime Degouys
Que tous nos vœux de bonheur et notre prière accompagnent les nouveaux époux !
Funérailles
Aux proches, nous redisons toute notre sympathie dans la foi et l’espérance de l’Évangile.
Dans notre Unité pastorale…




Pour les familles… les jeunes… les enfants …





Dans notre Diocèse de Tournai…
PRIÈRE POUR NOTRE NOUVEL ÉVÊQUE
Mgr Frédéric Rossignol sera ordonné le 14 décembre 2025 à 15h à Notre-Dame de Tournai. Accompagnons-le par la prière vers son installation et dans la mission qui lui a été confiée.
Cette prière nous a été proposée par un ami de Mgr Rossignol, le Frère John Paul Esplana (Philippines).





Dans l’Église de Belgique…


